Les Français manifestant contre la loi Travail, le 26 mai dernier, à Toulouse. Pascal Pavani/AFP
Le gouvernement français a finalement autorisé, hier, une manifestation prévue aujourd'hui à Paris à l'appel de syndicats opposés à une réforme sociale, quelques heures après avoir provoqué un tollé pour l'avoir interdite de crainte de violences. La levée de l'interdiction, signe pour certains d'un nouveau couac d'un exécutif très impopulaire, a été annoncée par les syndicats à hier la mi-journée après des discussions qualifiées de « serrées » avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Elle a été qualifiée de « victoire pour les syndicats et la démocratie » par les syndicats. La manifestation comportera bien un défilé, comme le voulaient les syndicats, mais sur un parcours réduit de 1,6 km « proposé par le ministre de l'Intérieur », entre la place de la Bastille et les quais de la Seine, a expliqué Philippe Martinez, dirigeant du syndicat CGT, lors d'une conférence de presse. Le ministre de l'Intérieur a néanmoins mis en garde les manifestants : « Aucun débordement, aucune violence ne seront tolérés. » Pour tenter de déminer les critiques sur la volte-face du gouvernement, laissant entrevoir des désaccords au sommet de l'État, le Premier ministre Manuel Valls a assuré que « tout a été fait ensemble », avec le président François Hollande et M. Cazeneuve, pour que cette manifestation puisse se tenir.
« Faute historique »
L'annonce en début de matinée de l'interdiction par un communiqué du préfet de police de Paris – chargé du maintien de l'ordre dans la capitale – avait provoqué un tollé. « Je considère, et je pèse vraiment mes mots, que c'est une faute historique », avait réagi le député socialiste Christian Paul, chef de file des « frondeurs » du PS opposés à la politique sociale du gouvernement. Les élus communistes avaient dénoncé « un terrible aveu de faiblesse » et demandé la suspension du débat parlementaire sur le projet de réforme du droit du travail qui suscite la fronde syndicale. Actuellement examiné au Sénat, ce projet controversé, censé donner plus de flexibilité au marché du travail et favoriser l'embauche mais jugé trop libéral par une partie de la gauche, n'a été adopté à l'Assemblée nationale que par une procédure sans vote, peu fréquemment utilisée. La mesure d'interdiction avait été diversement commentée à droite : saluée par l'ancien Premier ministre François Fillon, elle avait été jugée par anticipation « pas raisonnable » par l'ex-président Nicolas Sarkozy. Tous deux ont des ambitions présidentielles pour l'élection de 2017. La menace d'interdiction était brandie depuis plusieurs jours par MM. Hollande et Valls après des incidents violents qui ont entaché une précédente manifestation le 14 juin en marge du cortège syndical. Bernard Cazeneuve avait demandé aux syndicats d'organiser un rassemblement statique, jugé plus facile à contrôler, ce que les syndicats ont refusé catégoriquement. L'interdiction, si elle avait été maintenue, aurait été une première depuis des décennies pour une manifestation sociale.
(Source : AFP)