Rechercher
Rechercher

Culture - Mois de la francophonie

Au nom du lys, de la rose ou du cèdre, musique !

Un événement phare, ce vendredi soir : la pianiste Delphine Bardin et la compositrice Violaine Prince, avec l'Orchestre philharmonique libanais dirigé par le maestro Walid Moussalem.

Delphine Bardin et Violaine Prince entourant le maestro Walid Moussalem. Photo Michel Sayegh

Dans un café d'Achrafieh, rencontre avec les deux musiciennes pour parler, avec l'une, d'une œuvre de Mozart qu'elle interprète ce soir à l'église Saint-Joseph ; et l'autre, de son Adagio que le public découvrira, car il s'agit d'une première mondiale.
Charmant minois, silhouette menue et petits doigts fins pour la pianiste de 42 ans, née à Tours et Prix Pro Musicis 2009. Delphine Bardin, férue de Bach, Schumann, Debussy, Ravel, et qui joue rien que pour elle Le clavier bien tempéré du Cantor, est « très heureuse d'être au Liban. Tant l'accueil est chaleureux, amical et la lumière belle ». Mais elle supporte mal le concert de klaxons à une heure de pointe et d'embouteillage extrême en ce début d'après-midi. Ce chahut, cette pollution sonore qui ne laisse plus de place au chant des oiseaux, elle qui affectionne la voix de Schubert quand il transcrit les mélodies des messagers du firmament...
Pourquoi avoir choisi le Concerto pour piano et orchestre n° 23 de Mozart ? Et la réponse fuse, en toute spontanéité : « Parce que j'aime beaucoup cet opus, notamment le second mouvement qui me fait monter au ciel ! Les écueils dans cette œuvre ? La mobilité des sentiments (comme en opéra), l'intériorité, la finesse d'une musique de chambre (pas de timbale car ce n'est pas un ensemble symphonique) d'excellent aloi, l'échange avec les instruments... »
Pourquoi avoir choisi le piano comme moyen d'expression musicale ? « Parce qu'il me fascine, dit-elle. Il y a là toute la polyphonie, tous les timbres. C'est magique. En plus d'un instrument de foyer à dimensions multiples, il accompagne tous les âges : on peut en jouer dès l'enfance ainsi qu'à un âge avancé. Mes compositeurs favoris pour le clavier ? Chopin et Liszt, mais aussi Couperin, Debussy, Ravel... »
Quels commentaires de jouer dans le cadre de la Francophonie ? « Tellement de choses graves se passent en ce moment en France. Je ne sais plus... Mais l'essentiel est de garder les valeurs, les meilleures, les plus civilisées. En France ou ailleurs... En tant qu'être humain ou Française, heureusement qu'il y a l'art, ça concerne tout le monde et tous les âges... ». Un dernier souhait ? « Essayer de servir la musique le plus fidèlement... ».

Un « Adagio » mouvementé et hyperconscient
Toujours souriante, les cheveux sel et poivre coupés courts, Violaine Prince, libano-française, a un parcours atypique. De la poésie à l'informatique, de la musique aux confections des habits du Moyen Âge, rien ne semble freiner son inspiration et son savoir-faire. Aujourd'hui, les mélomanes libanais applaudiront son Adagio.
Six ou sept minutes (selon la baguette du chef d'orchestre) pour une œuvre que la compositrice commente en ces termes : « C'est un Adagio nostalgique, sans léthargie, mouvementé et hyperconscient. Écrit à Montpellier en 2011, il a un motif très constant car je suis adepte de J.S. Bach. Avec, toutefois, une modification de rythme. Pas d'orientalité apparente, mais sous-jacente... Je suis ravie que, pour sa première exécution, ce soit avec l'Orchestre philharmonique libanais et j'espère qu'il aura les faveurs du public local... »
Et comment jugez-vous que cette œuvre, pour une musicienne d'origine libanaise, soit au cœur de la Francophonie ? « Oui, le Liban est mon pays de naissance, mais je suis si ancrée en France. Il faut qu'on se réconcilie le Liban et moi... Le Liban a tendance à dévorer et rejeter ses enfants. Je suis une femme et le Liban ne traite pas bien les siennes... Je ne peux, par exemple, donner ma nationalité à mon fils. Allez comprendre ! Mais l'important, dans cet événement de la francophonie, c'est l'aspect "civilisationnel". Car l'anglophonie, comme dit l'un de mes proches, c'est la république des hamburgers... »
Loin des griefs, des doléances et des sympathies de circonstance, au-dessus de toute la mêlée il y a surtout la musique. Celle de Mozart, Prince et Haydn. Et c'est ça qui compte. Allez maestro, au nom du lys, de la rose ou du cèdre, musique !

Ce soir à l'église Saint-Joseph (USJ), à 20h30, dans le cadre du mois de la francophonie, l'Orchestre philharmonique du Liban, sous la houlette de Walid Moussalem interprétera les œuvres suivantes : « Concerto pour piano et orchestre n° 23 en la majeur », de Mozart, avec la soliste Delphine Bardi, l'« Adagio » de Violaine Prince et « La Symphonie n° 104 en ré majeur», de Haydn.

Dans un café d'Achrafieh, rencontre avec les deux musiciennes pour parler, avec l'une, d'une œuvre de Mozart qu'elle interprète ce soir à l'église Saint-Joseph ; et l'autre, de son Adagio que le public découvrira, car il s'agit d'une première mondiale.Charmant minois, silhouette menue et petits doigts fins pour la pianiste de 42 ans, née à Tours et Prix Pro Musicis 2009. Delphine Bardin,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut