La Commission européenne a appelé jeudi les dirigeants européens à cesser de "se lamenter" devant le nouveau naufrage meurtrier au large de la Libye et à passer aux actions pour éviter de nouveaux drames.
"Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est du courage collectif de passer des déclarations aux actions concrètes, sinon les mots sonneront dans le vide", a averti l'exécutif bruxellois dans une déclaration commune signée par le vice-président Frans Timmermans, la haute représentante pour la politique extérieure Federica Mogherini et le commissaire aux Affaires intérieures Dimitris Avramopoulmos.
"L'immigration n'est pas un sujet très populaire. Il est plus facile de rester à se lamenter devant son écran de télévision face à de telles tragédies que de prendre ses responsabilités et d'agir", ont ajouté les trois responsables.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait été tout aussi incisif mercredi dans un entretien accordé à l'AFP. "Les ministres ont obligation d'agir", avait-il affirmé. La Commission européenne a soumis aux dirigeants européens une série de propositions pour freiner les départs des migrants, empêcher qu'ils ne s'adressent aux passeurs pour tenter une traversée de la Méditerranée parfois mortelle, les sauver, les accueillir, traiter leurs demandes d'asile et renvoyer ceux qui ne peuvent rester dans l'UE.
Un accord a été trouvé entre les 28 pour renforcer les moyens de surveillance des frontières maritimes et terrestres de l'UE et traquer les passeurs. Mais les propositions pour faciliter l'immigration économique dont l'UE à besoin ont été rejetées et les mesures de solidarité entre les Etats membres pour le traitement des demandes d'asile ont été bloquées.
Jean-Claude Juncker a dit être déçu par ces échecs, mais a assuré qu'il ne renoncerait pas à défendre ses propositions. "Il n'y a pas de +bonne+ politique en la matière. Il faut essayer de jeter des ponts entre les idées nobles et la réalité des différentes situations politiques dans les États membres", a-t-il souligné. "Si au lendemain d'un naufrage en Méditerranée, vous saisissez les Etats-membres d'une proposition ambitieuse et que vous leur demandez de décider dans la journée, la décision serait prise", avait-il souligné. Cet entretien a été accordé la veille du nouveau naufrage au large de la Libye dans lequel 25 migrants ont péri et plus de 200 autres sont portés disparus. 360 rescapés ont été conduits à Palerme en Sicile (Italie). "Nous sommes déterminés à trouver des solutions collectives pour relever cet immense défi", a assuré jeudi le Premier ministre français, Manuel Valls, après avoir déploré un "effroyable naufrage en Méditerranée".
Le président du groupe des Libéraux et Démocrates au Parlement Européen, l'ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, a demandé jeudi au président du conseil européen Donald Tusk de convoquer d'urgence un sommet "pour apporter une meilleure réponse aux problèmes posés par la migration". "Nous avons besoin de voies d'accès sécurisées pour permettre aux personnes qui ont besoin de notre protection de gagner l'Europe", a-t-il soutenu. "C'est au président du Conseil de prendre cette décision. Si un sommet est organisé, la Commission européenne y participera", a assuré une de ses porte-parole, Natasha Bertaud.
"Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est du courage collectif de passer des déclarations aux actions concrètes, sinon les mots sonneront dans le vide", a averti l'exécutif...
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