Pour nombre d'observateurs, il ne fait aucun doute que la résolution du conflit syrien se fera par l'entremise des alliés de Damas : la Russie et l'Iran. Mais si Moscou se retrouve depuis quelques mois relativement isolé sur la scène internationale à cause de son rôle dans la crise ukrainienne, une certaine détente a en revanche pu être observée entre Téhéran et l'Occident, notamment depuis l'élection en juin 2013 de l'islamiste modéré Hassan Rohani à la présidence iranienne. Les pourparlers sur le nucléaire iranien ont repris, menant à la levée de certaines sanctions qui étranglaient l'économie de la République islamique. De même, l'Iran tend depuis quelque temps la main à des pays voisins, notamment l'Arabie saoudite. Il semblerait donc qu'une nouvelle dynamique des relations entre Téhéran et Washington, ainsi que Riyad, serait en train de se former.
Il est indéniable, pour Pascal de Crousaz, que « l'Iran est véritablement un élément-clé dans la résolution de la crise syrienne ». Et aujourd'hui, « un rapprochement entre les États-Unis et l'Iran fait géopolitiquement, grand sens tant pour l'un que pour l'autre (...) Un dégel entre l'Iran et l'Arabie saoudite, difficile à produire tant l'antagonisme est profond, aurait comme vertu de laisser envisager une déconfessionnalisation du conflit en Syrie et autour de ses frontières ».
Il en va de même pour Didier Billion et Frédéric Pichon, qui estiment l'un et l'autre que « la clé est à Moscou et à Téhéran ». Pour le premier, « un accord, qui aura sûrement lieu, rendra Téhéran incontournable » diplomatiquement. Le fait d'avoir retiré l'invitation de l'Iran aux pourparlers de Genève 2 a été une « erreur absolue, totale », et il est vital de réintégrer la République islamique dans le jeu régional. Pour le second également, c'est cette dimension « que la diplomatie française notamment a ignoré depuis le début ». À terme, l'Iran demande juste à être reconnu comme puissance, et cela « mènera certainement à une inflexion de sa politique régionale ». Le spécialiste estime enfin que deux autres puissances auront un rôle à jouer dans la résolution du conflit syrien : le Qatar et la Turquie. « Doha aime bien allumer des incendies et les éteindre », affirme-t-il, avant de juger que « le vent tourne » à Ankara. « Le fait d'avoir mis le Front el-Nosra sur sa liste terroriste montre que la Turquie se détourne de l'opposition armée. »
S. M.