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Moyen Orient et Monde - Turquie

Le bras de fer entre Erdogan et la Cour suprême se durcit

Le chef des Sages Hasim Kiliç (à gauche) et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan à Istanbul hier : derrière les sourires, la guerre des mots. Adem Altan/AFP

Le conflit engagé en Turquie entre le pouvoir islamo-conservateur et la Cour constitutionnelle, plus haute instance judiciaire du pays, s'est nettement durci hier avec des attaques verbales de part et d'autre.
Le président de la Cour suprême, Hasim Kiliç, a contre-attaqué et rejeté avec véhémence les critiques qui lui ont été adressées par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et son régime, qui avaient dénoncé plusieurs jugements de la Cour, en affirmant que « les tribunaux ne reçoivent pas d'ordres ». « Dans un État de droit, les tribunaux ne reçoivent ni des ordres ni des instructions. De plus, ils ne peuvent être guidés par des sentiments d'amitié ni d'hostilité », a déclaré Hasim Kiliç lors d'une allocution à l'occasion du 52e anniversaire de la création de son institution. Le discours de M. Kiliç était fort et adressé notamment à M. Erdogan, présent parmi les invités et dont le visage a affiché la désapprobation. À la fin du discours, le chef du gouvernement a quitté la salle boudant une réception qui y était offerte pour les invités de marque, ont rapporté les médias.
La réponse du gouvernement à la sortie de M. Kiliç n'a pas tardé. « M. Kiliç s'est exprimé comme s'il était un homme politique (...) comme s'il était le chef d'un parti politique. Son discours se devait d'être juridique et non politique », a martelé le ministre de la Justice, Bekir Bozdag, qualifiant devant les journalistes ses déclarations d'« inacceptables ». Le ministre qui n'a pas caché sa colère envers M. Kiliç l'a accusé de « s'engager dans des polémiques politiques sur de nombreux points » de l'action du gouvernement.
La Cour suprême a infligé ces dernières semaines plusieurs revers au régime islamo-conservateur, annulant en partie une réforme judiciaire destinée à renforcer son emprise sur l'appareil judiciaire, et débloquant l'accès au réseau Twitter, interdit par le pouvoir après la diffusion d'écoutes téléphoniques compromettantes. Le chef des Sages a aussi souligné la nécessité de préserver l'indépendance de la justice en Turquie, accusant M. Erdogan, qui dirige le pays depuis 2002, d'avoir émis des « critiques excessives » sur les jugements de la Cour. Il a aussi fortement critiqué les purges effectuées par le pouvoir dans la magistrature depuis la révélation à la mi-décembre d'un vaste scandale de corruption touchant M. Erdogan et son entourage.
Ses propos devraient, de l'avis des observateurs, exacerber les tensions persistantes entre le judiciaire et M. Erdogan qui convoite le poste de président au premier scrutin au suffrage universel cet été, fort de sa victoire aux élections municipales du 30 mars dernier.
(Source : AFP)

 

Le conflit engagé en Turquie entre le pouvoir islamo-conservateur et la Cour constitutionnelle, plus haute instance judiciaire du pays, s'est nettement durci hier avec des attaques verbales de part et d'autre.Le président de la Cour suprême, Hasim Kiliç, a contre-attaqué et rejeté avec véhémence les critiques qui lui ont été adressées par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et son...
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