L'UE salue le soutien turc à la relance des négociations sur Chypre

L'UE a salué lundi le "soutien" turc à la relance des pourparlers pour une réunification de Chypre, mettant en sourdine ses critiques sur une dérive autoritaire en Turquie.

Lors d'un entretien à Bruxelles avec le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, le commissaire à l'Elargissement, Stefan Füle, a fait savoir que l'UE "a apprécié le soutien turc ces dernières semaines en vue d'une relance des négociations entre les deux parties" chypriotes.

Les dirigeants chypriote-grec et chypriote-turc doivent se rencontrer mardi pour relancer ces pourparlers, suspendus depuis 2012. Chypre est coupée en deux depuis l'invasion de sa partie nord par la Turquie en 1974, en réaction à une tentative de coup d'État de partisans du rattachement de l'île à la Grèce.

M. Füle a par ailleurs convenu avec M. Davutoglu "de partager par écrit un certain nombre des préoccupations" de la Commission européenne concernant la récente loi turque renforçant le contrôle de l'État sur Internet.
"Il est du devoir de la Commission (...) d'exprimer des inquiétudes quand elles sont justifiées et d'offrir son aide et soutien" aux pays candidats à l'UE, a souligné M. Füle, dans un communiqué.

Par la voix de son porte-parole, l'UE avait exprimé la semaine dernière sa "forte préoccupation" face à cette législation introduisant "des restrictions à la liberté d'expression", et contestée tant en Turquie que par les États-Unis.

Selon une source européenne, la rencontre lundi avec M. Davutoglu a donné lieu "à un bon échange", en dépit des tensions croissantes entre l'UE et le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan, suspecté de vouloir museler toute opposition depuis sa mise en cause dans un vaste scandale de corruption.

La représentante de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a participé à ces entretiens, qui ont également porté sur les dossiers syrien, iranien et les efforts de paix au Proche-Orient.

La crise traversée par le régime turc a donné un nouveau coup de frein aux efforts de rapprochement du pays avec l'UE, alors que les deux parties venaient de convenir cet automne de relancer les négociations d'adhésion, entamées en 2005 mais freinées par le blocage du dossier chypriote et les réticences des Européens à ouvrir leurs portes à un grand pays en majorité musulman.