«L’eau se manifeste de manière très spontanée sur papier, explique-t-elle, et me permet d’établir facilement un parallélisme entre la réalité et mes dessins. Tout comme les bactéries prolifèrent en milieu humide, les esprits vicieux que je portraiture se propagent en société. Et mes dessins à l’encre tentent de comprendre comment ces êtres complexes sont créés, de par leur anatomie et leur relation avec leur environnement qu’ils infectent en contaminant les esprits sains et en propageant le vice.» Des affirmations que l’on retrouve effectivement dans chaque recoin du café Mezzanine, où chaque papier alourdi par l’encre témoigne d’une véritable bataille entre l’artiste et le dessin, et où les visages défigurés prolifèrent, entrelacés et enchevêtrés dans un tourbillon d’encre éjaculatoire que l’on s’attendrait à tout moment à voir dégouliner sur le carrelage du café. Encore plus inattendue que le choix du lieu pour une exposition, la présentation des toiles accrochées sur les murs, pendues telles des carcasses dans un abattoir, par des cintres métalliques et des cordes en fer. «J’ai voulu rapprocher mon travail des gens, surtout que le lieu n’est pas très sérieux. Et j’ai vu que les cintres métalliques accentuaient le sarcasme et l’ironie qui se détachent de mes toiles malgré leur noirceur », explique Dalia Baassiri. Laquelle espère que son art soit perçu comme «spontané et franc». Et d’ajouter: «Je suis satisfaite de voir que les visiteurs de l’exposition interagissent avec mes toiles et qu’ils y décèlent des éléments venant de leur propre expérience humaine. Quand je dessine, je le fais sans réfléchir et sans savoir où je vais aboutir, mais je découvre finalement que la vie de tous les jours, avec tout ce qu’elle apporte comme mauvaises nouvelles, se retrouve sur papier, et les gens, plus tard, s’y identifient.»
* « Ink Infection » au café Mezzanine à l’AltCity de Hamra. Horaires d’ouverture : de 9 heures à 19 heures.
commentaires (0)
Commenter