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Culture - Exposition

« Some Body To Love », cet art hybride...

À la galerie Janine Rubeiz, deux créatures étranges, hybrides, faites de bric et de broc, de vieilles dentelles comme de fils électriques et d’images sur écrans, se font face dans un dialogue entamé par leurs concepteurs : Shirine Abou Chacra et Ali Cherri.

Shirine Abou Chacra a composé à partir d’éléments disparates, hybrides, une marionnette... à son image ?

Quand deux plasticiens entament un dialogue artistique, c’est souvent sur le mode d’un débat savant, hermétique aux non-initiés. Mais il arrive parfois que leur conversation prenne la forme d’un travail en duo. Et donne naissance à une exposition commune. C’est le cas de « Some Body To Love » de Shirine Abou Chacra et Ali Cherri, deux artistes trentenaires dont les œuvres en résonances produites par la galerie Janine Rubeiz, où elles sont présentées jusqu’au 25 octobre, questionnent le thème de l’être hybride.
Artistes visuels, l’une extrêmement baroque, l’autre bien plus minimaliste, Shirine et Ali qui se connaissent depuis longtemps avaient envie de travailler sur un projet commun. Bien que partageant des thématiques croisées telles que le corps mutilé et champ de bataille, ces deux-là viennent d’univers très différents. D’où l’idée d’éclectisme qui s’est rapidement imposée comme matière thématique de leur projet commun. Celle-ci menant aux notions de diversité et d’assemblage a ainsi abouti au concept de l’hybridité.
« Si chaque individu était un être hybride, comment et à quel moment le ressentirait-il ? » se sont interrogés les deux artistes. Qui dès lors ont tenté de donner de ce ressenti une représentation physique et matérielle.

 


« Un être mobile et centralisé »
Pour Shirine, le concept de l’être hybride surgit de « la multitude d’appartenances sous l’identité unique ». Cette réalisatrice de films documentaires et d’animations, à la formation d’historienne et d’archiviste et aux nationalités et déplacements multiples (Égypte, Syrie, Liban, France, Canada et Turquie) qui lui donnent l’impression d’être un « collage » de plusieurs cultures, a tenté de représenter ce sentiment par « un être mobile et centralisé ». Une sorte de mannequin de couturier ou de marionnette géante constituée d’un assemblage d’éléments disparates récupérés chacun d’un lieu, d’une époque, d’une source différente : buste métallique déniché dans une brocante, veste ouvragée du XIXe siècle, jambes en bois se terminant par une enclume et un pied de cordonnier du Gers, coton en provenance du Japon...
Une silhouette aux membres hétéroclites qui peuvent se démonter, se « démembrer », pour être transportés dans une valise posée à côté. Une malle ancienne qui vient, elle, d’Italie et qui, équipée d’enceintes audio, distille des grésillements, sonorités et bruitages évocateurs du bruissement continu des pensées et des souvenirs...
Face à cette allégorie de l’hybridation physique et mentale, le personnage créé par Ali Cherri a, lui, des allures d’humanoïde.
Artiste multimédia aux vidéos, installations et performances basées sur la technologie, Ali conçoit, quant à lui, l’hybridité sous l’angle du corps imprégné de technologie et d’images. « Chaque corps délivre une image, mais aussi les images forment un corps, assure-t-il. Et cela d’autant plus que notre rapport au monde passe désormais par la connectivité et les écrans. »

 


« J'aime ce personnage-robot. Je lui trouve une allure sympathique, affectueuse", affirme Ali Cherri, son concepteur.


Un humain au corps imprégné de technologies
Une idée qu’il représente au moyen d’une silhouette robotique composée d’écrans de différentes tailles sur lesquels défilent des images radioscopiques d’organes et de cellules, mais aussi des images, à grande vitesse, d’événements, de violence, de guerre... Bref tout ce qui imprègne et constitue l’être humain : cette machine faite de cellules et d’émotions !
Accompagnant cette installation, deux séries de tableaux photographiques, élaborés par chacun des deux artistes, traitent également du même thème.
Sur du papier issu d’écorces d’arbres en provenance du Mexique et fait main par des chamans, Shirine exprime visuellement, dans des compositions en techniques mixtes nimbées de ce même halo baroque et passéiste qui signe la facture de ses œuvres, le ressenti de « celui qui vient de plusieurs endroits et qui laisse à chacun de ses passages quelque chose de lui-même derrière lui ».
Tandis que Ali poursuit son exploration du corps-machine à travers une superposition d’imageries médicales (X-Ray) et de photos de membres corporels superposées.
Et c’est, paradoxalement, dans ces deux séries d’œuvres aux styles et traitements diamétralement opposés que le visiteur pourra repérer les points de jonction dans le travail des deux artistes. Qui font par ailleurs preuve ici d’un égal souci de rigueur et de qualité artistique. Shirine Abou Chacra et Ali Cherri, un véritable doublé gagnant. À découvrir !

*Raouché, imm. Majdalani, rez-de-chaussée. Horaires d’ouverture : de 10h à 19h. Les samedis jusqu’à 14h. Tél. : 01/868290.

Quand deux plasticiens entament un dialogue artistique, c’est souvent sur le mode d’un débat savant, hermétique aux non-initiés. Mais il arrive parfois que leur conversation prenne la forme d’un travail en duo. Et donne naissance à une exposition commune. C’est le cas de « Some Body To Love » de Shirine Abou Chacra et Ali Cherri, deux artistes trentenaires dont les œuvres en...

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