Fadia Tomb el-Hage devant un poster dans les locaux du Festival de Baalbeck. (Michel Sayegh)
Depuis 2002, Fadia Tomb el-Hage, qui multiplie les collaborations avec des ensembles internationaux pour faire revivre l’héritage musical issu tant du répertoire occidental qu’oriental, parcourt le monde et interprète la musique contemporaine, ancienne, syriaque, ainsi que les plus belles pièces du répertoire folklorique libanais. « L’artiste maîtrise tous les répertoires. Sa sensibilité et sa plasticité vocale l’ont conduit à travailler depuis plusieurs années en direction du répertoire contemporain. » C’est ainsi que la présente le musicien Zad Moultaka. Dès 1979, la chanteuse, issue d’une famille de musiciens et de peintres, se fait remarquer par ses interprétations des œuvres des frères Rahbani. Elle se passionne pour la musique classique et suit des cours de chant lyrique au Conservatoire national de Beyrouth ainsi que des études à l’Université libanaise. Après avoir obtenu un diplôme de psychologie, elle part en Allemagne au Richard Strauss Konservatorium (RSK) où elle étudie le chant classique pendant cinq ans avec le professeur Felix Rolke (1985-1990) et se spécialise ensuite pendant deux années dans les techniques de l’oratorio.
Passerelle entre l’Orient et l’Occident
Sa connaissance du chant oriental et celui occidental permet à Fadia de devenir la soliste de l’ensemble Sarband, référence en ce qui concerne la musique médiévale. Ensemble, ils parcourent le monde au fil des festivals et se produisent à Baalbeck en 1998. Puis ce sera sa collaboration avec Moultaka dans Anashid, qui inaugure la vingt-troisième édition du Festival international de Baalbeck en 2000.
Sur la scène de l’édition 2013 de ce festival, Fadia Tomb el-Hage accompagne l’ensemble polyphonique corse A Filetta et le percussionniste et flûtiste japonais Kazunari Abe, ainsi que la chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui. Un puzzle humain qui allie les trois cultures, corse, libanaise et japonaise, dressant un constat cruel sur la réalité humaine.
Fadia Tomb el-Hage en est à sa troisième collaboration avec le chorégraphe flamand d’origine marocaine. « La première rencontre s’est faite à Paris, dit-elle. Il a aimé mon travail et a demandé à me voir pour animer une création qu’il réalisait au Musée de l’émigration. » Après Origines, joué 82 fois dans le monde entier, l’interprète libanaise remplace une chanteuse douze fois dans Babel. « Mais, poursuit-elle, le spectacle Puz/zle est comme cousu à ma mesure. » Comment a-t-elle vécu cette expérience ? lui demande-t-on. « J’ai d’abord affiché une certaine résistance, répond-elle, car c’est la première fois que je suis accompagnée d’une chorégraphie sur scène mais, très vite, mes appréhensions se sont évanouies. » « Cherkaoui, dit-elle, a un grand respect pour la musique et accorde de l’importance, sans aucune distinction, autant à la danse qu’au chant. »
Reconnu comme meilleur chorégraphe au National Dance Awards en 2009, Sidi Larbi Cherkaoui reçoit le Kairos Prize pour sa vision artistique et sa recherche d’un dialogue culturel. En 2011, il est récompensé d’un prix Giraldillo, d’un Benois de la danse et de deux « Laurence Olivier » pour Babel. Il est également proclamé par l’Unesco « jeune artiste pour le dialogue interculturel entre les mondes arabe et occidental ».
Dans Puz/zle, Fadia Tomb el-Hage est ce lien entre les cultures. Elle y interprète des extraits composés par la compagnie corse A Filetta et d’autres improvisations. « Ce spectacle est un cadeau qui m’a convenu artistiquement. »
Elle affirme que sa carrière mondiale l’a en quelque sorte libérée de certains tabous traditionnels. « Des cadres comme Avignon transcendent l’artiste », dit-elle. El-Hage avoue cependant que c’est avec une immense joie doublée d’une grande fierté (« ainsi que d’un petit trac ») qu’elle se produit pour le Festival de Baalbeck et devant le public libanais.
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Bravo pour Fadia et surtout courage . Nazira.A.Sabbagha
15 h 35, le 28 août 2013