Cet attentat survient une semaine après une attaque similaire qui a fait le 15 août 27 morts dans la banlieue chiite de Beyrouth, un fief du Hezbollah, puissant mouvement chiite libanais combattant aux côtés des troupes du régime syrien du président Bachar al-Assad.
Il risque d'exacerber les tensions confessionnelles au Liban, déjà fortes en raison du conflit syrien qui divise profondément le pays entre pro et anti-Assad.
La double explosion survient deux jours après que l'armée libanaise a annoncé mercredi être désormais en "guerre totale" contre le "terrorisme", en affirmant poursuivre depuis des mois une cellule "qui prépare des voitures piégées", dont l'une avait explosé le 15 août dans le fief du Hezbollah.
Dans la grande ville portuaire sunnite du Liban nord, les déflagrations ont visé deux mosquées sunnites, l'une dans le centre, l'autre près du port, le jour de la prière hebdomadaire, endommageant ces lieux de culte.
Le correspondant de l'AFP a vu des corps carbonisés près de la mosquée Al-Taqwa, sur l'une des principales artères de Tripoli, et cinq corps d'enfants retirés d'une mosquée. Des personnes en pleurs étaient à la recherche de leurs proches.
Des dizaines de voitures étaient en feu et une immense fumée noire s'élevait dans le ciel, tandis que des hommes transportaient dans leurs bras des blessés, le visage en sang, et des devantures d'immeubles étaient dévastées.
A la suite des attentats, des centaines de personnes en colère se sont rassemblées près de la mosquée al-Taqwa et ont scandé des slogans hostiles au Hezbollah chiite et au régime Assad.
Le Hezbollah est engagé depuis des mois dans la guerre en Syrie voisine aux côtés du régime de Damas, contre les rebelles. Il est accusé par ses rivaux au Liban d'avoir entraîné le pays dans une vague de violences qui a touché son propre bastion.
Le parti chiite a lié le double attentat à Tripoli à l'explosion qui a frappé son fief dans la banlieue sud de Beyrouth, estimant qu'ils font partie d'un "plan pour plonger le Liban dans le chaos et la destruction".
Tripoli, la capitale du nord du Liban, est régulièrement le théâtre d'affrontements entre sunnites, qui soutiennent en majorité la rébellion syrienne, et alaouites, favorables au régime Assad.
Les sunnites sont en effet en majorité partisans de la rébellion qui veut renverser le régime, tandis que les chiites, emmenés par le Hezbollah, penchent en faveur de M. Assad.
"Les auteurs de la dissension ne veulent pas que les Libanais vivent en paix une seule minute, ils veulent que la machine à tuer fauche la vie d'innocents dans tout le Liban", a réagi Saad Hariri, ex-Premier ministre sunnite et rival du Hezbollah.
Selon, le chef l'armée libanaise, Jean Kahwaji, la cellule recherchée "ne vise pas une région ou une communauté particulière mais elle cherche à provoquer une dissension confessionnelle en visant des régions différentes tant du point de vue confessionnel que politique".
"Il est clair qu'il y a une volonté de déclencher une guerre confessionnelle au Liban pour détourner l'attention de ce qui se passe en Syrie", indique Hilal Khachane, chef du département de sciences politiques à l'Université américaine de Beyrouth.
Mais "je ne crois pas que le Liban plongera dans une guerre confessionnelle car elle ne bénéficiera à personne", a-t-il ajouté.
Les attentats, qui ravivent le douloureux souvenir des attentats à la voiture piégée durant la guerre civile (1975-1990), interviennent alors que le pays n'a pas de gouvernement depuis cinq mois, en raison des divisions liées au conflit syrien.
Ils surviennent également quelques heures après qu'Israël a lancé un raid aérien sur le sud du Liban en représailles à un tir de roquettes sur son territoire l veille, revendiqué par un groupe lié à Al-Qaïda.
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