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Influence limitée du Vatican face à la radicalisation égyptienne

Les violences en Egypte mettent le pape et le Vatican dans une position inconfortable: ils ne cessent d'appeler au dialogue et à la réconciliation dans ce pays où les coptes sont la cible traditionnelle des islamistes.

Le dossier égyptien met en lumière la marge de manoeuvre étroite du nouveau pape argentin, comme la crise syrienne pour Benoît XVI. En jeu, la situation de plus en plus difficile de millions de chrétiens du Moyen-Orient face à un islamisme minoritaire mais en expansion.

Dans les deux cas, le Vatican a dénoncé la répression armée mais sur le terrain, un bon nombre de chrétiens opposés aux islamistes se rangent du côté des pouvoirs en place (les militaires en Egypte, Bachar al-Assad en Syrie).

Bien accueilli à son élection par les musulmans --après un froid entre le Vatican et l'islam sous Benoît XVI--, François n'est pas resté inactif: il a lancé un appel chaleureux au respect mutuel entre chrétiens et musulmans début août, et plusieurs suppliques pour la réconciliation en Egypte et le refus de toute violence au nom de la religion. Certains mots rappellent ceux contenus dans les appels de Benoît XVI pour la Syrie.

Le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, a résumé lundi à Radio Vatican la position délicate du Saint-Siège: "la renaissance de l'Egypte se fera dans le respect réciproque de toutes les religions. On ne peut en aucun cas faire usage de la force, de la violence, du terrorisme ou du pouvoir militaire pour résoudre des questions concernant la foi".

Ce renvoi dos à dos dans une même phrase du "terrorisme" islamiste et du "pouvoir militaire" n'est pas pour satisfaire les chrétiens d'Egypte qui voient les militaires comme leurs protecteurs.

L'importante Eglise copte orthodoxe (la plus importante du Moyen-Orient) et la petite Eglise copte catholique ont pris clairement position contre la menace "terroriste" des Frères musulmans, alors qu'au moins 58 églises et institutions chrétiennes auraient été attaquées selon elles.

Dans une interview à l'agence d'informations sur le Vatican I.Media, le père Rafic Greiche, porte-parole des évêques catholiques égyptiens, s'est certes félicité des appels du pape en faveur de la pacification de l'Egypte.

Mais, a-t-il ajouté, "nous souhaiterions que le Vatican dialogue avec l'Europe et les Etats-Unis pour leur montrer qu'il s'agit d'une guerre contre la terreur et pour que les Nations unies et le Conseil de l'Europe ne prennent pas de mesures contre le nouveau gouvernement et coupent les aides".

"En tant que chrétiens, nous préférons que l'Occident n'intervienne pas car les Frères musulmans ont tout intérêt à ce qu'il y ait une intervention étrangère pour restaurer le régime de Morsi", a ajouté le père Greiche.

Le patriarche copte catholique, Ibrahim Isaac Sidrak, a exprimé le soutien "ferme, conscient et libre" de sa communauté à "la police égyptienne et aux forces armées pour tous les efforts qu'ils accomplissent pour protéger le pays".

Cité par l'association "Aide à l'Eglise en détresse", l'évêque copte catholique d'Assiout a estimé mardi que l'Occident "ne se rend pas compte de la réalité qui est que nous sommes attaqués par un groupe de terroristes armés".

Les responsables coptes ont souligné la solidarité de la majorité des musulmans avec les chrétiens, vantant un mélange interconfessionnel qui fonctionne, une "unité" de toute l'Egypte contre le "terrorisme", récusant qu'il y ait une guerre civile et accusant certains médias occidentaux d'analyses biaisées.

A I.Media, le père Greiche observe encore que "la réconciliation semble difficile à instaurer avec les quelques dirigeants des Frères musulmans qui n'ont pas été arrêtés".

Pour le Vatican, c'est comme un refrain déjà entendu. En Syrie, déjà, certains évêques demandaient au Vatican de comprendre mieux l'ampleur du danger islamiste, argument principal du président Assad pour justifier sa répression.

Même si les catholiques sont peu nombreux en Egypte, le maintien de l'Eglise soeur du pape copte Tawadros --que François avait reçu chaleureusement au Vatican-- est essentiel pour le Saint-Siège, après les exodes subis par les chrétiens d'Irak et de Syrie.

Les catholiques coptes égyptiens sont évalués à quelque 250.000 fidèles alors que l'Eglise orthodoxe copte en compte entre 6 et 7 millions.
Les violences en Egypte mettent le pape et le Vatican dans une position inconfortable: ils ne cessent d'appeler au dialogue et à la réconciliation dans ce pays où les coptes sont la cible traditionnelle des islamistes.Le dossier égyptien met en lumière la marge de manoeuvre étroite du nouveau pape argentin, comme la crise syrienne pour Benoît XVI. En jeu, la situation de plus en plus...