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Culture - Festival de Beiteddine

Kaas, Piaf, talons aiguilles et gants de boxe

Un pardessus beige satiné et fluide, serré à la taille. La quintessence du classique vestimentaire, mais avec une touche de jaune fluo au revers. Porté par Patricia Kaas samedi soir à Beiteddine, cet indémodable symbolise merveilleusement bien l’hommage de l’artiste à Édith Piaf : « classy », sensuel, impec et un brin farfelu.

Patricia Kaas, emportée par une foule... d’émotions.

Des frissons, oui, il y en a eu ce soir-là à Beiteddine. Et pas seulement parce que l’air montagnard a rafraîchi les épidermes. Sur la scène du palais, une grande dame blonde a rendu un hommage à un mythe de la chanson française. Pas de pastiche dans ce « Kaas chante Piaf ». Loin de là. C’est avec une grande classe et beaucoup de respect que la Mademoiselle qui chante le blues d’une voix rauque a salué la mémoire de la môme à la vie torturée et torturante.
Certains diront qu’ils préféreront toujours la version originale d’Édith Piaf. Mais l’on pourrait rétorquer à ces puristes que Kaas n’est pas apparue ce soir-là comme une copie. Au contraire. Ce n’était pas une superdouée de The Voice ou autre compétition qui faisait son numéro de bravoure. Bien qu’elle sache rouler des mécaniques vocales (tout comme des hanches!), Kaas a véritablement habité son rôle d’artiste saluant non seulement la mémoire et les chansons de son aînée et compatriote, mais aussi dévoilant, par bribes subtiles et pudiques, des pans de la vie du mythe, de ses souffrances, de ses idéaux, de son sentimentalisme, de ses cassures et de ses rêves. Tout en emportant le public, à travers des projections vidéo géantes à l’arrière-fond de la scène, vers les Paris des accordéons, des bistrots et des trottoirs pluvieux éclairés par les belvédères Art déco.
L’occasion pour Patricia Kaas d’affirmer également ses multiples talents de comédienne, de danseuse, de chanteuse, bref de show girl, ou plutôt de show woman même si elle apparaît plus jeune, plus dynamique et plus drôle que jamais. Oui, drôle et piquante dans ses commentaires ponctuant les chansons : « Ah, ca, les hommes, elle les a bien aimés », souffle-t-elle dans son micro en reluquant le torse en tablette de chocolat du danseur (bien doué par ailleurs).
Les grands effets électroniques auraient pu en hérisser quelques-uns, allergiques aux guimauves des « sanglots longs des violons ». Une version acoustique de Je t’ai dans la peau est alors venue sauver la donne.
Côté émotions, le paroxysme du drame a culminé avec Les blouses blanches (superbe interprétation) et L’étranger, interprétée a cappella.
Mais aussi avec La foule, Emporte-moi, Milord (avec, en vidéoprojection, une scène avec Alain Delon, un ami de Piaf)...
Attentive au public, à ses moindres commentaires. Et lorsque ce dernier demande d’écouter une de ses chansons à elle, la chanteuse rigole et dit : « Non, ce soir, c’est hommage à Piaf, au cinquantième anniversaire de sa mort. » Plus tard, lorsqu’elle aura revêtu un tutu blanc pour interpréter en bis Non je ne regrette rien, sous les applaudissements des fans rassemblés au pied de la scène, elle sautille de joie et, le poing levé, mime les paroles muettes de son hit « Mon mec à moi, il me parle d’aventure...
La scène glissante pour cause d’humidité, Kaas enlève ses talons aiguilles et revêt des gants de boxe pour interpréter avec force et rugosité Une belle histoire d’amour, moment intense où Kaas chante la douleur et la culpabilité que la môme aurait ressenti après la mort du boxeur Marcel Cerdan.
L’on peut parler à ce stade-là de véritable performance scénique. Rien de négatif à signaler que ce soit au niveau de la voix, superbe et haute, de la tenue sur scène, de l’interaction avec le public.
Pas d’effusions dramatiquement hystériques de la part du public plutôt sage ? Il faut dire que le répertoire de la môme ne se prête pas vraiment à cela. Il procure plutôt des sentiments et des frissons. Encore et toujours...

 

Les 21 chansons du spectacle – titres mythiques de Piaf – ont été arrangées par Abel Korzeniowski. Trois musiciens ont accompagné Patricia sur scène : Nicolas Stevens (violon), Frédéric Helbert (clavier, guitare, accordéon) et Jonny Dyke (piano, clavier).

Des frissons, oui, il y en a eu ce soir-là à Beiteddine. Et pas seulement parce que l’air montagnard a rafraîchi les épidermes. Sur la scène du palais, une grande dame blonde a rendu un hommage à un mythe de la chanson française. Pas de pastiche dans ce « Kaas chante Piaf ». Loin de là. C’est avec une grande classe et beaucoup de respect que la Mademoiselle qui chante le blues...

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