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La guerre du Hezbollah pousse davantage le Liban dans la crise syrienne

La participation ouverte du Hezbollah dans la guerre en Syrie aux côtés des forces du régime va pousser le Liban à s'impliquer davantage dans cette crise en dépit du mot d'ordre de "distanciation" prôné par les autorités, estiment les analystes.

Cependant, cela ne devrait pas entraîner une déstabilisation du pays car aucune des forces politiques n'y a intérêt pour le moment, disent-ils.

"L'implication publique du Hezbollah est désormais un secret de polichinelle. Nous sommes aujourd'hui plongés dans une crise où les Libanais ne sont plus seulement divisés politiquement comme c'était le cas jusqu'à présent mais aussi militairement", estime Ghassan al-Azzi, professeur de sciences politiques à l'Université libanaise.

Pour lui, "l'implication du Hezbollah (chiite) dans la crise syrienne implique désormais tout le Liban, car de l'autre côté (sunnite), on a entendu des appels au jihad aux côtés de l'opposition au régime syrien".

Un haut dirigeant du Hezbollah, Nabil Qaouq, a justifié lundi la participation du mouvement chiite libanais aux combats en Syrie, la qualifiant de "devoir national et moral".

Le parti affirme en effet que les Libanais combattant aux côtés du régime sont des membres du Hezbollah résidant depuis des décennies dans des villages dans la région syrienne de Qousseir frontalière du Liban.

En réaction, deux cheikhs salafistes libanais ont appelé au jihad (guerre sainte) en Syrie pour défendre les habitants sunnites de Qousseir, située dans la région centrale de Homs.

"Nous annonçons la création des 'brigades de la résistance libre' pour aller combattre en Syrie", a affirmé Ahmad Assir, un cheikh salafiste du sud du Liban, qui a émis une fatwa (décret religieux) dans ce sens.

Les experts estiment toutefois que pour le moment il s'agit plus de rodomontades de la part des salafistes car ils n'ont pas le puissant arsenal du Hezbollah. "Dire sans le faire est moins intelligent que faire sans le dire", souligne M. Azzi.

Pour Wadah Charara, professeur de sociologie à l'Université libanaise, ces prises de position ne devraient pas entraîner une déstabilisation du Liban.

"L'impact de la crise syrienne sur le Liban est inquiétant et il peut y avoir des incidents, mais la tendance politique générale est la stabilisation et non pas le bouleversement" de la situation.

Des morts du Hezbollah de plus en plus nombreux

Selon ce spécialiste du mouvement chiite, le Hezbollah a été obligé de dévoiler son engagement en raison du nombre croissant des morts dans ses rangs.

"Il s'agit d'une politique de 'bon sens'. Depuis un an, le parti publiait des photos de certains de ses militants tombés en Syrie mais ce phénomène a pris progressivement de l'ampleur avec des morts et des enterrements de plus en plus nombreux. Il ne pouvait plus le cacher", précise M. Charara, auteur d'un livre intitulé "L'Etat Hezbollah".

Le parti a commencé à expliquer à la communauté chiite qu'il s'agissait de défendre les 13 villages chiites libanais se trouvant à l'intérieur de la Syrie et qui étaient, selon lui, attaqués par les rebelles.

Pour le public plus large, ce mouvement essaie de maintenir le capital acquis dans la "résistance" contre Israël, notamment durant la guerre de 2006.

"Il explique que son combat contre des jihadistes présentés comme les 'alliés de l'impérialisme et des Etats-Unis' n'est pas une dérive mais une attitude conséquente. Il dit 'nous sommes sur la même ligne en nous battant contre Israël et contre les ennemis du peuple syrien'", explique M. Charara.

"Mais en fait le Hezbollah n'a pas le choix. Sa fidélité exige de renvoyer l'ascenseur à un pays qui l'a aidé (dans la lutte contre Israël). Il ne peut en aucun cas abandonner son alliance avec la Syrie car c'est une question de vie ou de mort", assure M. Azzi.

Selon M. Charara, le Hezbollah compte 20.000 combattants dont 5.000 à 7.000 très aguerris. Entre 800 et 1.200 d'entre eux combattraient à Qousseir.
La participation ouverte du Hezbollah dans la guerre en Syrie aux côtés des forces du régime va pousser le Liban à s'impliquer davantage dans cette crise en dépit du mot d'ordre de "distanciation" prôné par les autorités, estiment les analystes.Cependant, cela ne devrait pas entraîner une déstabilisation du pays car aucune des forces politiques n'y a intérêt pour le moment,...