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Économie - Opinion

Et maintenant on va où... ?

Dr Fouad ZMOKHOL
Le Libanais est connu pour ses nombreux talents, ses multiples forces mais aussi pour avoir la mémoire assez courte... C’est vrai que cela pourrait être positif lorsqu’il s’agit d’effacer les souvenirs pénibles de la guerre fratricide, mais ne rien apprendre de nos erreurs et vite oublier nos mauvaises manœuvres et nos stratégies erronées pourrait être assez dangereux quand il s’agit d’économie, de finance et de la gestion d’un pays !
Rappelons-nous, il y a encore quelques mois, notre pays assistait à un bras de fer entre, d’une part, les syndicats qui réclamaient des augmentations de salaires et le patronat qui peinait à survivre à l’ombre de la crise économique, et, d’autre part, le gouvernement qui, tantôt jouait un rôle d’arbitre par le biais de son ministre du Travail en exercice à l’époque et tantôt était le troisième protagoniste indépendant et dessinait des plans utopiques et irréalisables.
Rappelons-nous aussi que les chefs d’entreprise ne se sont jamais opposés à une augmentation bien étudiée des salaires des fonctionnaires mais demandaient à se concentrer essentiellement sur les objectifs primordiaux des demandes légitimes des salariés : l’amélioration du niveau de vie et l’augmentation du pouvoir d’achat, ainsi que la baisse des coûts des services urbains et sociaux. Les arguments du secteur privé étaient basés sur le fait qu’une augmentation aléatoire de salaires, issue d’un marchandage politique, mènerait sans aucun doute à une inflation galopante, à une hausse du taux de chômage, à un freinage de la croissance et à une augmentation de la dette publique et des taxes.
Rappelons-nous enfin que le patronat avait signé avec les syndicats un accord pour désamorcer la crise qui aurait pu dégénérer et faire « exploser » la rue. Parallèlement, nous avons été forcés d’accepter un accord pour contrer un projet étatique inexécutable qui aurait asséné le coup de grâce à notre économie et notamment au secteur privé.
Quels ont été les résultats de cette augmentation ?
Tout d’abord, cette augmentation « fictive » a été aspirée des poches des salariés avant qu’ils n’aient eu l’occasion de profiter de la hausse des salaires. En d’autres termes, elle a eu un effet contraire à son objectif initial vu que le pouvoir d’achat et le niveau de vie des salariés ont baissé de façon spectaculaire ; un phénomène qui risque de déboucher sur une crise sociale sans précédent.
D’autre part, le gouvernement s’est trouvé piégé entre une inflation galopante touchant tous les secteurs et plus particulièrement les produits de première nécessité, et un nouveau front, celui de la grille des salaires des fonctionnaires. Il est clair que l’État ne peut financer ce nouveau coût que par une augmentation de taxes, que désormais ni les sociétés privées ni les contribuables ne peuvent supporter, sans alourdir davantage la dette publique. Cette augmentation, si elle a lieu, se répercutera directement et négativement sur les citoyens qui devront s’attendre à une nouvelle augmentation du taux d’inflation.
Entre-temps, la grogne syndicale s’est accentuée, la rue « bouillonne » et se prépare à de nouvelles revendications et de nouveaux dérapages. Les entreprises privées sont asphyxiées par l’augmentation de leur coût, par la crise économique interne et régionale, et par la récession mondiale.
C’est pourquoi on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi au Liban on essaye toujours d’inventer de nouvelles méthodes économiques ?
Pourquoi ne prenons-nous pas l’exemple d’autres pays qui sont passés par des crises semblables ? Pourquoi dessine-t-on des plans économiques sur mesure, à la taille de certains groupes politiques ?
Pourquoi tous les gouvernements qui se sont succédé pratiquent la méthode de rafistolage et repoussent toutes les échéances et décisions importantes en guise de « cadeau empoisonné » à leurs successeurs téméraires ?
N’aurait-on pas dû, comme tous les pays du monde, augmenter le salaire minimum et laisser le reste des salaires s’autoréguler par le marché ?
Ne faut-il pas laisser un champ de manœuvre aux salariés qui bûchent, persévèrent et méritent des réajustements sur base de leur expérience et leur rendement au lieu de mettre tout le monde dans le même sac ?
De toute façon, ce qui est fait est fait... et peut-être presque oublié... mais « maintenant on va où... » ?


Dr Fouad ZMOKHOL,
président du Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais (RDCL)
Le Libanais est connu pour ses nombreux talents, ses multiples forces mais aussi pour avoir la mémoire assez courte... C’est vrai que cela pourrait être positif lorsqu’il s’agit d’effacer les souvenirs pénibles de la guerre fratricide, mais ne rien apprendre de nos erreurs et vite oublier nos mauvaises manœuvres et nos stratégies erronées pourrait être assez dangereux quand il...
commentaires (2)

On va où ? Mais tout droit à l'ouverture de la BOITE DE PANDORE ! par nos propres mains... Il en sortira des Hydres, des Dragons, des Monstres odieux et des Démons hirsutes qui ne menaceraient pas uniquement nos économie et finances, mais surtout notre avenir politique, ET PIS ENCORE... NOTRE EXISTENCE en tant qu'ENTITÉ ...

SAKR LEBNAN

03 h 49, le 06 septembre 2012

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Commentaires (2)

  • On va où ? Mais tout droit à l'ouverture de la BOITE DE PANDORE ! par nos propres mains... Il en sortira des Hydres, des Dragons, des Monstres odieux et des Démons hirsutes qui ne menaceraient pas uniquement nos économie et finances, mais surtout notre avenir politique, ET PIS ENCORE... NOTRE EXISTENCE en tant qu'ENTITÉ ...

    SAKR LEBNAN

    03 h 49, le 06 septembre 2012

  • Tout a fait vrai Dr Zmokhol. Votre question "Et maintenant on va ou?" est tres pertinente... L'Etat choisit toujours les mauvaises solutions, et en plus apres maintes tergiversations... Maintenant nous payons les pots casses. Et l'avenir semble si sombre... Avec un billet de cent dollars, on achete si peu de choses (essentielles!) au supermarche...C'est angoissant...

    Michele Aoun

    03 h 04, le 06 septembre 2012

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