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Syrie: cessez-le-feu compromis à la veille de la date butoir de l'ONU

L'armée syrienne a lancé lundi plusieurs attaques dans le pays, qui ont également fait des morts, dont un journaliste, en Turquie et au Liban voisins, à la veille de la date butoir fixée par l'ONU pour un retrait de l'armée, en vue d'un cessez-le-feu qui paraît de plus en plus compromis.

Les espoirs se sont réduits après que le régime de Bachar al-Assad a affirmé dimanche qu'il ne retirerait pas ses troupes mardi comme prévu par le plan de l'ONU à moins de disposer de "garanties écrites" des combattants rebelles, qu'il assimile à des "terroristes".

Les insurgés ont renvoyé la balle au régime, se disant prêts à respecter le cessez-feu si Damas faisait de même.

"Nous annonçons la cessation de nos opérations contre l'armée du régime à partir du matin du 10 avril et nous respecterons cette promesse si le régime s'engage à respecter les clauses du plan", a déclaré à l'AFP le colonel Kassem Saadeddine, porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL).

Dimanche, le colonel Riad al-Assaad, chef de l'ASL, avait réaffirmé être "engagé envers le plan Annan" tout en précisant que ses garanties étaient réservées à la communauté internationale, pas au régime.

Pékin, allié de Damas, a exhorté chacun à respecter ses "engagements".

L'ONU avait annoncé le 2 avril que Damas avait accepté le plan en six points de l'émissaire international Kofi Annan, qui l'oblige à retirer ses chars au plus tard mardi matin, en préalable à un cessez-le-feu général prévu dans les 48 heures suivantes.

Selon les militants, les exigences de garanties écrites formulées par le régime ne sont qu'une énième tactique dilatoire alors que les violences ont fait 13 nouveaux morts lundi, dont 12 parmi les forces gouvernementales, selon l'OSDH.

"Le régime pensait que (d'ici le 10 avril), il reprendrait le contrôle des villes (rebelles). Comme ce n'est pas le cas, il essaie de gagner du temps", estime Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Si le plan Annan ne marche pas, rien ne va marcher et la Syrie va plonger dans une longue guerre civile", a-t-il prévenu.

Les offensives de l'armée et les combats qui gagnent en ampleur entre soldats et déserteurs ont fait plus de 180 morts ces dernières 48 heures, selon l'OSDH.

Lundi, un caméraman de la télévision libanaise Al Jadeed a été tué à la frontière entre les deux pays, par l'armée de Bachar al-Assad, selon la chaîne.

"Ali Chaabane a été tué par des tirs de l'armée syrienne sur la voiture d'Al Jadeed", pouvait-on lire sur un bandeau au bas de l'écran de cette chaîne.

Il s'agit du premier journaliste tué sur cette frontière depuis le début le 15 mars 2011 d'une révolte populaire en Syrie qui s'est militarisée au fil des mois face à la stratégie répressive de Damas.

En Turquie, deux Syriens et un interprète turc ont été blessés par des tirs "provenant du territoire syrien", a annoncé à l'AFP un diplomate turc.

Après cet incident, le premier du genre depuis le début de la révolte, un responsable des Affaires étrangères turques a appelé le chargé d'affaires syrien pour "demander que ces tirs cessent immédiatement", selon un diplomate turc.

D'autre part, deux Syriens sont décédés en Turquie après avoir été blessés dans la province d'Alep.

Mardi, M. Annan doit se rendre dans deux camps de réfugiés à Hatay, dans le sud de la Turquie qui accueille 25.000 Syriens.

L'offensive syrienne a fait capoter le plan Annan, a affirmé le vice-ministre turc des Affaires étrangères Naci Koru. "Il semble évident que le plan Annan ne sera pas appliqué", a-t-il dit, cité par Anatolie. "Une nouvelle période commencera à partir de demain", a ajouté le responsable.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, proche de Damas devenu très critique, a menacé de prendre des "mesures" si la répression se poursuivait, sans préciser lesquelles.

Le journal Milliyet affirme que si le nombre de réfugiés dépasse les 50.000, Ankara envisagera la création de "couloirs humanitaires" à la frontière, protégés par l'armée turque.

Selon l'OSDH, les violences ont fait plus de 10.000 morts en un an et plus de 100.000 personnes sont ou ont été détenues pendant cette période.

Sur le terrain, l'armée bombardait des localités des provinces de Deir Ezzor (est) et d'Alep (nord), où des affrontements entre soldats et déserteurs ont éclaté près de la frontière turque, selon l'OSDH.

A Damas, une femme a été arrêtée pour avoir brandi devant le Parlement une pancarte dénonçant les "tueries" en Syrie, selon l'avocat des droits de l'Homme Anouar Bounni.

La presse syrienne a annoncé que le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, se rendrait lundi à Moscou pour des entretiens avec son homologue Sergueï Lavrov au sujet de la mission Annan.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a accusé les forces et les milices du régime d'avoir mené au moins une centaine d'exécutions sommaires ces dernières semaines dans les seules provinces de Homs (centre) et d'Idleb (nord-ouest).
L'armée syrienne a lancé lundi plusieurs attaques dans le pays, qui ont également fait des morts, dont un journaliste, en Turquie et au Liban voisins, à la veille de la date butoir fixée par l'ONU pour un retrait de l'armée, en vue d'un cessez-le-feu qui paraît de plus en plus compromis.Les espoirs se sont réduits après que le régime de Bachar al-Assad a affirmé dimanche qu'il ne...