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Culture - Expositions

Le ludisme à pièges d’Alain Vassoyan

Pour sa deuxième exposition solo à la galerie Janine Rubeiz, Alain Vassoyan offre un monde labyrinthique où vivent des personnages hybrides entre ouate aquatique et figures animalières. Sculptures en résine, opaque ou transparente, où les apparences sont trompeuses et n’empruntent les images de l’enfance que pour mieux dénoncer la réalité des adultes.

Les personnages hybrides d’Alain Vassoyan.

À 45 ans, Alain Vassoyan, avec ses cheveux châtains clairs bouclés, ses lunettes à la Trotski, sa silhouette filiforme, son bagout enthousiaste et tout sourire, a encore la spontanéité et la curiosité touchantes de l’enfance.
Comme ses personnages, poupées amusantes échappées des pages d’une BD ou à la pellicule d’un feuilleton des Simpsons, avec des visages entre ferme à poules, volière d’oiseaux ou cochonnaille fourrant le groin dans les truffes... Pour cet artiste qui a fait un peu de tout («un peu de médecine, un peu de biologie», dit-il en riant, mais sérieusement diplômé en histoire de l’art de Montréal!), il qualifie volontiers son travail de «ludisme à pièges».
Beaucoup de couleurs vives et franches, plus de 280 mini-personnages amusants (ils se nomment «Djoujou el-Wahch» et «Mouthon» – avec une tête d’ourson) et deux grands labyrinthes avec un «dar» libanais (mais plus proche d’une météorite que d’une demeure florentino-venitienne à tuiles rouges) pour cette plongée marine dans un univers faussement animalier.
Un monde parallèle, aux détails soignés comme autant de clins d’œil, qui renvoie de toute évidence, avec humour et une certaine poésie de l’enfance, à nos cités encombrées, entre futurisme et autres visions d’un «Avatar» aux naïvetés qui prêtent à sourire mais aussi à réfléchir.
Tableau comme Le jardin des délices de Jérôme Bosch, mais revisité avec drôlerie et une certaine délicieuse irrévérence par un artiste moderne marqué par la stridence contemporaine et le vertige des tours aux nez dans les nuages et le front dans les étoiles.
Le meilleur mot est celui de l’artiste qui confie: «Dans cette exposition, le personnage se comporte avec sa propre construction comme le ferait l’animal avec la nature qui l’entoure... Celle-ci lui sert de refuge, il se confond avec elle et son architecture devient l’extension de son propre corps. À mi-chemin entre un monde humain et animal, ce labyrinthe d’oiseaux se présente comme un chantier parallèle, une ville hybride en devenir où se mêlent organique et mécanique suivant un équilibre particulier.»
Emprise de l’imaginaire sous le masque des jeux de l’enfance pour une perception artistique qui, tout en voulant expliquer la réalité, déroute et en dénonce les inquiétantes servitudes et aberrations.
Ensemble de statuettes avec des têtes de «Woody Wood Pecker» à l’occiput piqué d’une houppette-blaireau conversant en toute charmante bonhomie avec un cortège de mannequins lilliputiens pris dans l’engrenage du quotidien.
À la fois libres, oisifs et affairés, ces bonshommes et bonnes femmes miniatures, tout à leur joyeuse et festive farandole, n’en sont pas moins prisonniers de ces alvéoles qui les limitent et les confinent dans un espace artificiel et surveillé comme une ruche d’abeilles.
En fait, il s’agirait d’une installation où sculptures, sons et vidéo ont de douces et subtiles correspondances comme un jeu de lego malléable, souple et amovible.
Une exposition qui ravirait sans doute les adultes pour cette compagnie si rafraîchissante, si agréable, mais qui ferait le bonheur aussi des petits. Des petits qui découvriront un monde enchanté et enchanteur qui leur parle et les interpelle, à travers d’astucieux mobiles (une tête qui devient bras ou épaule!) et vroom-vroom de mobylette bariolée, et qui saura aussi les séduire en profondeur pour les initier à l’art dont les évolutions, en constantes métamorphoses, sont imprévisibles et stupéfiantes.
À 45 ans, Alain Vassoyan, avec ses cheveux châtains clairs bouclés, ses lunettes à la Trotski, sa silhouette filiforme, son bagout enthousiaste et tout sourire, a encore la spontanéité et la curiosité touchantes de l’enfance. Comme ses personnages, poupées amusantes échappées des pages d’une BD ou à la pellicule d’un feuilleton des Simpsons, avec des visages entre ferme à...

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