Les combattants du CNT déterminés à poursuivre la bataille, jusqu'à la "libération" de la Libye. Joseph EID/
Les combats ont repris samedi dans les bastions kadhafistes de Bani Walid et de Syrte, assiégés par les forces du nouveau pouvoir libyen. Une envoyée spéciale de Reuters présente aux abords de Bani Walid a aperçu une colonne de pick-up du CNT équipés de canons de DCA se diriger vers la ville au moment du coucher du soleil.
"Les combats sont acharnés. Nous ripostons à coup de mortier. Les hommes de Kadhafi nous ont provoqués (en bombardant le point de contrôle). Nous sommes entrés dans l'agglomération pour les combattre", a déclaré un combattant du CNT répondant au nom de Younis Mohamed.
La veille, après plusieurs heures de combat, les hommes du CNT se sont repliés pratiquement aussi vite qu'ils s'étaient rués à l'assaut de la ville. Au lendemain de ce revers humiliant, ils s'en sont pris aux traîtres, aux tireurs embusqués et au pétrole déversé, selon eux, par les défenseurs de la ville dans les rues escarpées qui mènent au centre-ville.
Les combats entamés deux jours plus tôt se sont également poursuivis à Syrte, ville natale du "guide de la Révolution" et autre bastion de ses fidèles, qui auraient reçu l'aide de civils.
"Il y a d'intenses combats depuis le matin", a déclaré Mahmoud Terbelou, membres des forces du CNT. "Il y a une certaine résistance de la part de civils, de volontaires. Ils sont sur les toits avec des kalachnikovs, des canons de DCA, des roquettes et d'autres armes", a-t-il ajouté.
Les forces du CNT ont attaqué la ville sur trois fronts, à l'ouest, au sud et à l'est, mais progressent lentement, a déploré un autre combattant du CNT.
A l'est de Syrte, d'autres combattants du CNT se sont emparés d'Heraoua, petite localité à 60 km de la ville.
"Nous avons pénétré dans Heraoua après cinq jours de combats intenses et de bombardements de l'OTAN", a rapporté l'un d'eux. "Nous avons réussi à libérer la ville en douceur, ce matin, sans rencontrer de résistance", s'est-il félicité. Heraoua a toutefois été lourdement bombardée par la suite. Selon les médecins de l'hôpital de campagne le plus proche, ces bombardements ont fait deux morts et dix blessés dans les rangs du CNT.
Les ex-rebelles ont en outre renoncé à poursuivre leur progression vers Syrte.
Une affaire de quelques jours, estime le CNT
Un responsable militaire du nouveau régime libyen a affirmé samedi que la prise de contrôle des bastions de Syrte et de Bani Walid était une affaire de "quelques jours", même si les troupes fidèles au dirigeant déchu Mouammar Kadhafi y opposaient une résistance farouche.
"Dans quelques jours, la situation va complètement changer à Syrte et Bani Walid, qui seront sous notre contrôle", a déclaré Ahmad Bani, porte-parole de la branche militaire du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de l'ex-rébellion qui a chassé le colonel Kadhafi du pouvoir.
S'exprimant lors d'une conférence de presse à Tripoli, M. Bani a expliqué qu'à Bani Walid, la "nature géographique et la forte présence de tireurs embusqués" empêchaient de conquérir très rapidement cette vaste oasis au relief accidenté située à 170 km au sud-est de Tripoli.
A Syrte, un autre bastion pro-Kadhafi situé à 360 km à l'est de Tripoli, M. Bani a confirmé que les révolutionnaires avaient pris le contrôle de l'aéroport et d'une importante base aérienne. "Si ces deux points les mieux gardés ont été pris, le reste de la ville sera facile à conquérir", a-t-il assuré.
Pour Sebha, dernier des principaux bastions, fief de la tribu des Kadhadfa dont fait partie Mouammar Kadhafi, à 750 km au sud de Tripoli, "dès lors que les mercenaires auront entendu que le régime est tombé à Syrte et à Bani Walid, ils vont agir autrement", affirmé M. Bani, en allusion à une possible reddition.
"Dans les prochains jours, l'ensemble de la Libye sera entièrement sous le contrôle des révolutionnaires", a affirmé le porte-parole militaire.
Kadhafi convaincu de la victoire
Près de quatre semaines après la chute de Tripoli, le CNT n'est toujours pas en mesure de déclarer le pays "libéré" et de lancer le processus de transition démocratique promis par les nouvelles autorités.
Selon Moussa Ibrahim, porte-parole de Mouammar Kadhafi, le "guide" se trouve toujours en Libye et supervise la résistance. Le porte-parole a en outre affirmé à Reuters que les avions de l'Alliance atlantique avaient bombardé un immeuble d'habitation et un hôtel, faisant 354 morts, plus de 700 blessés et 89 disparus, des informations invérifiables car les communications avec la ville côtière sont restreintes depuis la chute de Tripoli le 23 août.
"Nous sommes au courant de ces allégations", a déclaré le colonel Roland Lavoie, porte-parole de l'OTAN à Bruxelles. "Ce n'est pas la première fois qu'on les entend. La plupart du temps, elles se révèlent infondées ou peu probantes."
Selon Moussa Ibrahim, plus de 2.000 habitants de Syrte ont péri dans des raids de l'OTAN au cours des 17 derniers jours. Le porte-parole de Kadhafi, qui a déclaré se trouver lui-même aux environs de Syrte, a assuré que l'ancien dirigeant libyen était convaincu de la victoire de son camp. "Nous sommes en mesure de poursuivre la lutte et nous avons suffisamment d'armes pour les nombreux mois à venir", a-t-il déclaré.
Le CNT reconnu à l'ONU
Alors que les affrontements font rage, le CNT, déjà reconnu par environ 90 pays, s'est vu attribuer vendredi par l'Assemblée générale de l'ONU le siège de la Libye. Ce vote permet à son chef, Moustapha Abdeljalil, de participer à la réunion annuelle à New York, en marge de laquelle il rencontrera mardi le président américain Barack Obama.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a de son côté annoncé la levée partielle du gel des avoirs libyens et l'envoi d'une mission pour rédiger une nouvelle Constitution et aider à organiser des élections.
"Les combats sont acharnés. Nous ripostons à coup de mortier. Les hommes de Kadhafi nous ont provoqués (en bombardant le point de contrôle). Nous sommes entrés dans l'agglomération pour les combattre", a déclaré un combattant du CNT répondant au nom de Younis Mohamed.
La veille, après plusieurs heures de combat, les hommes du CNT se sont repliés pratiquement aussi vite qu'ils s'étaient rués à l'assaut de la ville. Au lendemain de ce revers humiliant, ils s'en sont pris aux traîtres, aux tireurs...