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Actualités - Révolution

Les Égyptiens reprennent le chemin de Tahrir

"Nous n'avons pas vu de changement. Nous avons renversé Moubarak, mais nous avons un maréchal à la place".

Le 2 février dernier, des partisans de Hosni Moubarak montant des chevaux et des chameaux avaient attaqué les milliers de manifestants rassemblés sur la place Tahrir. Jeudi, 25 personnes accusées d'avoir participé à cette journée de violence ont été renvoyées devant un tribunal. Andrey Smirnov/

Les Égyptiens ont répondu par milliers aujourd'hui vendredi à un appel à manifester pour réclamer davantage de réformes et critiquer le pouvoir militaire, cinq mois après la chute du président Hosni Moubarak. Sur l'emblématique place Tahrir du Caire, la foule portait des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Notre révolution continue" ou "Le peuple demande la réalisation des promesses du printemps arabe". "La révolution nous a apporté un peu de liberté, mais nous en voulons davantage", affirmait Mohamed el-Saïd, un étudiant de 20 ans. "Le pouvoir se moque de nous. Il pense que la révolution est finie et que les gens vont rester à la maison. Il se trompe et c'est pour cela que nous sommes ici", ajoutait-il. Un manifestant portait une pancarte où était écrit: "Nous n'avons pas vu de changement. Nous avons renversé Moubarak, mais nous avons un maréchal à la place", en allusion au maréchal Hussein Tantaoui, chef du conseil militaire qui dirige le pays.

Une partie des manifestants a passé la nuit dans un village de tentes érigé au milieu de la place Tahrir, surmonté d'un grand chapiteau de toile blanche. La police, qui avait promis de ne pas être présente aux abords de la manifestation, était effectivement invisible à Tahrir vendredi matin. Les entrées de la place étaient contrôlées par le service d'ordre des manifestants.

Des milliers de personnes étaient également rassemblées à Alexandrie (nord), la deuxième ville du pays, ainsi que dans la cité portuaire de Suez (nord-est), où des heurts entre manifestants et policiers ont eu lieu en début de semaine.

Ces rassemblements répondent à l'appel de mouvements de jeunes pro-démocratie et de partis laïcs. Le puissant mouvement des Frères musulmans, qui avait dans un premier temps hésité à s'y rallier, a finalement appelé à manifester. L'armée égyptienne, adulée au lendemain de la chute de M. Moubarak pour sa retenue durant le soulèvement et pour ses promesses de démocratisation du pays, est aujourd'hui la cible de critiques de plus en plus vives. Les manifestants demandent tout particulièrement la démission des responsables de l'ancien régime encore dans les allées du pouvoir et de la haute administration, en particulier la police et les gouvernorats (administration régionale). Ils demandent aussi à l'armée de cesser d'utiliser les tribunaux militaires pour juger les civils, ainsi que la levée de la loi sur l'état d'urgence en vigueur tout au long des trente années de règne de M. Moubarak. Ils réclament également des sanctions contre les policiers impliqués dans la répression du soulèvement de janvier-février, qui a fait officiellement près de 850 morts. À ce jour, un seul a été condamné, par contumace. La relaxe en début de semaine de trois ex-ministres de M. Moubarak inculpés dans des affaires de corruption a aggravé le sentiment de frustration d'une partie de la population.

Le pouvoir a tenté au cours des derniers jours de répondre à certaines revendications, en annonçant par exemple la création d'un fonds d'aide sociale et médicale pour les familles des victimes de la révolte du début de l'année. Il a également décidé de dissoudre les conseils municipaux, élus sous M. Moubarak et toujours contrôlés par ses amis politiques. La justice a également annoncé jeudi le renvoi devant un tribunal de 25 personnes accusées d'avoir organisé le 2 février dernier des violences particulièrement meurtrières contre les manifestants de la place Tahrir. Cette journée avait notamment été marquée par l'envoi insolite d'hommes à cheval ou montant des chameaux pour charger la foule.

Les Égyptiens ont répondu par milliers aujourd'hui vendredi à un appel à manifester pour réclamer davantage de réformes et critiquer le pouvoir militaire, cinq mois après la chute du président Hosni Moubarak. Sur l'emblématique place Tahrir du Caire, la foule portait des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Notre révolution continue" ou "Le peuple demande la réalisation des...