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Culture - Musique

Le Trio Joubran, ou quand le verbe se fait musique

« À l'ombre des mots », une soirée divine qu'a présentée LibanJazz en week-end au Music-Hall. Aux sons des ouds des trois frères Joubran, la poésie de Mahmoud Darwich a pris corps.

Samir Joubran, l’aîné.

Ils sont trois musiciens. Trois luthiers. Plus précisément, trois frères. Descendants d'une longue lignée de oudistes et d'artisans luthiers, ils ont décidé un jour d'interpréter leur musique ensemble. Depuis, installés en France, ils sillonnent les pays en emportant dans leurs bagages leurs instruments, leur musique et des effluves de leur Palestine natale.
«Émus d'être au Liban, car c'était le rêve de mon grand-père de me voir un jour sur les planches beyrouthines.» C'est ainsi que Samir Joubran, l'aîné des trois frères, s'est adressé au public venu nombreux les applaudir. Un brin d'émotion avait en effet fait trembler le timbre de sa voix. Mais ce n'était pas le seul moment d'émotion qui allait accompagner toute cette soirée sublime.

Une seule âme
Devant de longs panneaux blancs qui tombent tels des parchemins sur la scène et sur lesquels on verra plus tard des écritures poétiques, les trois musiciens vêtus de noir se sont installés à l'écoute de la voix du grand poète palestinien disparu. Une lumière intimiste éclaire parfois leurs visages, leurs mains, l'instrument qui épouse leurs corps. La magie s'instaure.
Durant une heure, ce sont les mots qui vibrent sous les cordes pincées. Religieusement, humblement, un dialogue s'instaure entre le verbe et la musique, entre le présent et le passé. Il n'y a plus de barrières. Les frères Joubran ont créé un pays nimbé de lumière et de transparence où l'on peut sentir l'odeur des oliviers, des arums et de la terre qui entaille le cœur.
La voix du grand poète est présente. Rien ne peut la briser. Ni la volonté humaine ni même la mort. Elle est vivante, et la musique du Trio Joubran vient la transmettre, assurer sa pérennité.
Avec beaucoup de déférence et de respect, les musiciens écoutent les paroles du poète. D'abord en sourdine, la musique devient elle-même paroles. Il y a Samir, l'aîné, qui semble donner la note ; le cadet, Wissam, artisan de ces superbes instruments arrondis et dodus, et il y a le troisième, Adnan, qui a rejoint les deux autres. Mais il y a derrière eux, dans l'ombre de leur musique, l'arrière grand-père, le grand-père et le père qui, ont avoué les trois jeunes gens lors d'une émission télévisée de Zahi Wehbé, fabriquait l'instrument dans la cuisine et invitait par la suite la famille à célébrer la première corde pincée.
Il y a en arrière-plan donc tout ce savoir, ce legs familial, cet amour passion que ces trois frères transmettent à travers leur musique. Il y a aussi de côté le percussionniste, Youssef Zayed, qui accompagne les battements de cœur de ces instruments. Car, tel le pouls humain, le oud s'est fait vibrations et résonances. Ce ne sont plus trois musiciens qui jouent sur scène, mais un seul corps à plusieurs mains. Trois caractères, avec un seul esprit et une seule âme, reprenant en échos celle, bien vivante durant ce récital, du grand poète.
Ils sont trois musiciens. Trois luthiers. Plus précisément, trois frères. Descendants d'une longue lignée de oudistes et d'artisans luthiers, ils ont décidé un jour d'interpréter leur musique ensemble. Depuis, installés en France, ils sillonnent les pays en emportant dans leurs bagages leurs instruments, leur musique et des effluves de leur...

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