L'avion médicalisé de la compagnie française Aigle Azur a décollé de Bagdad vers 19H00 (16H00 GMT), a indiqué un diplomate français, soit plus de deux heures après l'horaire prévu, en raison notamment du retard des ambulances acheminant les 12 blessés les plus graves, bloqués par l'intense trafic de la capitale irakienne.
L'appareil s'était posé peu avant 14H00 (11H00 GMT) pour prendre en charge les 36 blessés, tous des fidèles chrétiens à l'exception d'un garde du corps musulman, et 21 accompagnateurs.
"Le choix du rapatriement s'est fait en fonction de la gravité des blessures, en étroite coopération entre l'ambassade et l'évêché syriaque catholique", avait expliqué auparavant dans la salle d'attente de l'aéroport le diplomate.
"C'est une opération humanitaire d'urgence qui s'inscrit dans la tradition française humaniste", avait-il ajouté, tout en pointant, avec le père dominicain Amir Jajé, la liste des partants.
Si 12 des blessés, pour certains amputés, ont été acheminés par ambulance directement jusque sur le tarmac, les personnes en état de se mouvoir ont rejoint l'aéroport par leurs propres moyens.
Au total, 44 fidèles et deux prêtres ont péri, de même que sept membres des forces de sécurité dans le carnage du 31 octobre quand, en pleine messe, des hommes armés ont fait irruption dans la cathédrale Notre-Dame du Perpétuel secours, un imposant édifice moderne du quartier central de Karrada.
Cette attaque a fait aussi une soixantaine de blessés.
Yasmine Eldir, 51 ans, a été touchée par des éclats de grenade aux jambes et au dos. Allongée sur une banquette de l'aéroport, elle remercie Dieu d'être en vie, et la France pour cette prise en charge, avant de fondre en larmes.
"Je souhaite être soignée et rentrer au plus vite chez moi, je souhaite que tous les Irakiens vivent en paix. Que Dieu protège toutes les religions", implore-t-elle, entre deux sanglots.
Assis un peu plus loin, Douraïd George préférerait, lui, ne jamais revenir.
Sa vie, il la doit à un couple qui, dans la panique, s'est pressé contre lui, faisant rempart de leurs corps. Tous les deux sont morts, lui a reçu deux balles, l'une dans la cheville gauche, l'autre au-dessus du genou et les médecins ont jugé son évacuation préférable.
"Je suis effaré par la froideur des terroristes. Ils ont laissé certains blessés se vider de leur sang pendant deux heures", raconte l'employé d'une société de transport âgé de 47 ans.
L'appareil était attendu en fin de soirée à l'aéroport d'Orly, au sud de Paris, où "un très gros dispositif" est prévu, selon le diplomate français, pour les accueillir et les orienter vers les hôpitaux de la région, dont ceux de Percy, à Clamart, et Bicêtre.
Cette évacuation s'inscrit dans le cadre d'une initiative annoncée en 2007 par la présidence française, et visant à accueillir des Irakiens "appartenant à des minorités religieuses vulnérables". Depuis cette date 1.300 chrétiens d'Irak ont été accueillis en France.
Après l'attaque du 31 octobre, le ministre français de l'Immigration, Eric Besson, avait demandé à ses services d'accueillir 150 personnes supplémentaires. Un second groupe de 93 Irakiens doit être évacué prochainement.
Dimanche, lors de la première messe dans la cathédrale depuis l'attaque, de nombreux chrétiens ont juré qu'ils resteraient en Irak malgré les menaces d'Al-Qaïda, qui les a qualifiés la semaine dernière de "cibles légitimes".
Depuis l'invasion de l'Irak en 2003, la communauté chrétienne de Bagdad est passée de 450.000 à 300.000 fidèles, en raison d'un exode massif.
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