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Abbas sur la sellette après le report de l'examen du rapport Goldstone

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est la cible de vives critiques, y compris dans son propre camp, à la suite du report controversé du vote sur le rapport de l'ONU fustigeant l'attitude d'Israël pendant la guerre de Gaza.

Cette crise risque d'affaiblir M. Abbas au moment où les Etats-Unis tentent de relancer les négociations de paix avec Israël, relèvent les observateurs.

A Ramallah, siège de l'Autorité, des centaines de Palestiniens ont dénoncé lundi le soutien de leur direction à ce report, tandis que d'autres à Jérusalem parlaient de "coup de poignard dans le dos et le coeur de tous les martyrs".

"Nous voulons que le président Abbas présente des excuses et si le gouvernement a quoi que ce soit à voir avec cette décision, nous voulons qu'il démissionne", a déclaré Mohammed Jadallah, le leader d'une coalition d'ONG palestiniennes.

Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, cherchant à exploiter ce qui apparaît comme une bévue de son adversaire politique, a accusé Mahmoud Abbas d'avoir personnellement commandité le report.

"Cette décision absurde et criminelle place un immense obstacle sur le chemin de l'unité palestinienne", a averti M. Haniyeh.

"Ce dernier scandale n'aurait jamais dû avoir lieu et les responsables de ce genre de corruption politique doivent être démis de leurs fonctions", estime quant à lui Khaled al-Haroub, éditorialiste du quotidien palestinien indépendant Al-Ayyam.

M. Abbas est accusé d'avoir cédé à des pressions des Etats-Unis pour remettre aux calendes l'examen du rapport de la commission d'enquête de l'ONU.

Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a décidé de reporter à sa session de mars 2010 le vote d'une résolution sur le rapport du juge Richard Goldstone, qui accusait notamment Israël de "crimes de guerre" durant son offensive meurtrière à Gaza en décembre-janvier.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait prévenu que la saisine du Conseil de sécurité sur ce rapport aurait pour conséquence de saborder le processus de paix.

"L'Autorité palestinienne n'a pas compris la réaction populaire. Il y a une très forte colère", explique le journaliste palestinien Daoud Kouttab.

"La controverse (...) ne cesse de croître dans la rue palestinienne", confirme l'analyste Samih Shabib, pour qui cette décision "va avoir un impact sur les positions (des Palestiniens) dans les négociations avec Israël, et même avec les Etats-Unis".

Selon lui, "la crédibilité du président palestinien est vacillante".

Paradoxalement, souligne Daoud Kouttab, M. Abbas est "dans une bien meilleure position pour négocier avec les Israéliens et les Américains après ce qu'il a fait. Le problème est qu'il perd de sa crédibilité aux yeux de son propre peuple".

Selon les analystes, le président Abbas doit absolument obtenir un résultat tangible dans les négociations avec les Israéliens pour convaincre l'opinion palestinienne que son calcul était le bon. Mais "il faudrait qu'il soit un super magicien pour sortir quelque chose du chapeau maintenant", prédit, sceptique, M. Kouttab.

Pour Iyad al-Barghouti, du Centre de Ramallah pour les droits de l'Homme, cet épisode jette le doute sur la capacité de l'Autorité palestinienne à mener à bien les négociations de paix.

"Si la direction palestinienne n'est pas capable de gérer un rapport international qui parle de crimes de guerre commis par Israël à Gaza en raison des pressions qui sont exercées sur elle, que va-t-il se passer lorsqu'elle va évoquer les questions liées au statut final, comme les réfugiés et Jérusalem?", note-t-il.

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est la cible de vives critiques, y compris dans son propre camp, à la suite du report controversé du vote sur le rapport de l'ONU fustigeant l'attitude d'Israël pendant la guerre de Gaza.
Cette crise risque d'affaiblir M. Abbas au moment où les Etats-Unis tentent de relancer les négociations de...