Les relations franco-américaines, à l'honneur samedi avec la visite de Barack Obama en France, sont dominées par des convergences, selon diplomates et experts, qui s'attendent toutefois pour l'avenir à des frictions entre deux alliés inégaux sur la scène internationale.
"Il y a beaucoup de convergences et pas de divergences fondamentales", assure un responsable français sous anonymat.
Néanmoins, "à chaque nouvelle présidence, c'est la même chose, ça commence bien, avec une volonté de dialogue, et ça finit toujours mal", relativise un autre responsable.
"Toute l'histoire des relations franco-américaines est faite de hauts et de bas. Et il y a souvent plus de bas que de hauts", confirme Thierry de Montbrial, de l'Institut français des relations internationales (IFRI).
L'arrivée au pouvoir de Barack Obama, porteur d'énormes espoirs dans les opinions publiques, ne s'est pas traduite par la création d'un lien privilégié avec la France. Sa venue sur les plages du débarquement de 1944 se fait sur insistance française. Et aura lieu seulement après un séjour du président américain en Allemagne.
"Au sein de l'Europe, la France n'est pas forcément le pays le plus important, c'est un Etat parmi d'autres pour les Américains", note le directeur de l'IFRI. "Barack Obama a une connexion avec l'Asie (il a vécu en Indonésie), avec l'Afrique, mais il n'a pas d'histoire avec l'Europe", reconnaît-on aussi au ministère français des Affaires étrangères.
Pour Bruno Tertrais de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), "la relation franco-américaine n'est pas, paradoxalement, meilleure que ce qu'elle était sous l'administration Bush".
"Il ne semble pas y avoir d'affinité naturelle ou de connivence personnelle forte entre les deux présidents, un élément important dans une relation franco-américaine", précise-t-il.
"Ils sont culturellement très différents", estime aussi Thierry de Montbrial. Selon lui cependant, leur côté "animal politique" et leur proximité générationnelle pourraient les aider à se rapprocher.
Depuis la prise de fonctions en janvier de Barack Obama, la tendance est plutôt à des politiques en phase, comme la lutte contre les paradis fiscaux ou la nécessité de parler à la Syrie pour isoler l'Iran.
En Afghanistan, la nouvelle approche américaine visant à faire plus d'efforts dans le domaine civil rejoint une position française. Mais les deux pays ne jouent pas dans la même cour, avec 68.000 soldats américains à terme d'un côté pour 2.800 militaires français de l'autre.
Cette "supériorité numérique conduit les Américains à ne pas demander leur avis aux Français", admet un responsable français.
En dehors des contentieux classiques qui perdurent d'une administration à l'autre (Turquie dans l'Europe ou conflits commerciaux Etats-Unis/Europe), "il y a clairement des frictions possibles" entre les deux alliés, juge Bruno Tertrais, en rappelant que la France a refusé les renforts en soldats en Afghanistan souhaités par la nouvelle administration américaine.
Sur l'Iran, les autorités françaises "voient avec une certaine circonspection les ouvertures américaines", ajoute cet expert pour qui il y a aussi "une divergence d'appréciation et de vision entre la France et les Etats-Unis sur la question du désarmement nucléaire".
L'appel de Barack Obama à un monde sans armes atomiques a été accueilli sans chaleur par la France, dont la sécurité repose sur la dissuasion nucléaire.
Nicolas Sarkozy aura de son côté multiplié les gestes unilatéraux à l'égard de Washington, avec un retour sans contrepartie dans le giron militaire de l'Otan et l'accueil d'un premier prisonnier non-français de Guantanamo.
"Il y a beaucoup de convergences et pas de divergences fondamentales", assure...
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