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Économie - Liban - Consommation

L’inflation au Liban défie la tendance mondiale

Les prix semblent être repartis à la hausse, à partir de février, après un léger repli au cours des derniers mois. Entre facteurs structurels et absence de contrôle, le consommateur se voit acculé à... en payer le prix.
À l'heure où l'inflation est en chute libre dans plusieurs pays du monde, dans le sillage du ralentissement de l'économie, les prix au Liban semblent résister à la tendance mondiale. « Les prix de plusieurs produits de consommation ont même augmenté au cours des dernières semaines », s'étonne Katia, une femme au foyer. Durant ses dernières courses, elle dit avoir constaté une hausse des prix des légumes, de certains produits laitiers, notamment du labneh de chèvre et des crèmes fraîches importées, et d'autres produits non alimentaires. « En moyenne, ma facture a augmenté de 15 % entre février et mars », ajoute-t-elle. Pour Liliane, employée d'une compagnie, le panier de la ménagère n'est pas le seul à avoir été affecté par cette hausse. « Les clubs de sports ainsi que les complexes balnéaires ont également revu à la hausse les frais de maintenance », affirme-t-elle.
Cette réalité, relatée par les consommateurs, est loin d'être démentie par les chiffres officiels. Selon l'Administration centrale des statistiques (ACS), les prix ont en effet augmenté de 0,9 % en février par rapport au mois précédent et de 4,5 % en rythme annuel, contre 4 % en janvier. Si, pour certains, il s'agit d'une hausse saisonnière, les prix de certains produits alimentaires comme les légumes et les produits laitiers étant enclins à grimper durant la période du Carême, pour d'autres, cette hausse est justifiée par un regain de terrain de l'euro face au dollar et un rebond du prix du baril de pétrole. Celui-ci s'était en effet stabilisé durant des semaines autour de 40 dollars, avant de frôler récemment le seuil des 50 dollars.
Au niveau des produits administrés, l'impact se fait d'ailleurs sentir, le prix de l'essence, revu chaque semaine par les autorités, ayant augmenté de 1 000 livres depuis le 24 mars dernier. Une justification qui ne fait toutefois pas l'unanimité. Pour Zouhair Berro, président de l'Association de protection des consommateurs, « les prix évoluent à contre-courant, qu'il s'agisse de produits administrés ou non administrés ». « Rien ne justifie cette hausse, surtout que la majeure partie de nos importations provient d'Europe où les prix dégringolent depuis des mois », ajoute-t-il. En effet, dans la zone euro, l'inflation a ralenti en mars à son plus bas niveau jamais enregistré depuis la création de statistiques en 1996, à 0,6 % sur un an. Le spectre de déflation semble même se profiler à l'horizon, notamment aux États-Unis et au Japon. L'existence d'un tel risque a d'ailleurs poussé le directeur du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, à mettre en garde cette semaine contre un éventuel scénario, qui aggraverait davantage, selon lui, la crise actuelle.
Au Liban, la réalité semble être tout autre, les prix tendant plutôt vers une stabilisation, voire une légère hausse. Une tendance qui, selon Berro, est exacerbée par l'absence de contrôle de la part de l'État. Celui-ci avait pourtant plafonné l'an dernier les marges et approuvé l'embauche de 100 nouveaux aide-contrôleurs pour contrer les dépassements de certains commerçants. Sur le terrain, l'inspection ne semble pas toutefois être efficace, la dernière mesure adoptée par le gouvernement n'étant toujours pas entrée en vigueur. Contacté par L'Orient-Le Jour, le responsable de la direction de protection des consommateurs au sein du ministère de l'Économie et du Commerce, Fouad Fleifel, a toutefois assuré que « les 100 nouvelles recrues entreront en fonctions d'ici à 20 jours ». « Les contrats d'embauche ont déjà été signés », a-t-il affirmé.
Mais au-delà de toutes ces considérations, la rigidité des prix à la baisse tient surtout à des facteurs structurels, estime pour sa part l'économiste Kamal Hamdane. « L'absence de concurrence sur le marché local et la structure oligopolistique favorisent l'entente implicite entre les principaux acteurs du marché, ce qui empêche une baisse accélérée des prix », explique-t-il.
Pas de quoi rassurer les consommateurs, qui voient leur pouvoir d'achat s'effriter jour après jour.
À l'heure où l'inflation est en chute libre dans plusieurs pays du monde, dans le sillage du ralentissement de l'économie, les prix au Liban semblent résister à la tendance mondiale. « Les prix de plusieurs produits de consommation ont même augmenté au cours des dernières semaines », s'étonne Katia, une femme au...
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