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Actualités - OPINION

Pause verte Le lourd nuage noir de la guerre Suzanne Baaklini

En temps de guerre, alors que les enfants meurent par centaines, il serait futile de parler de pollution. Futile ? Pas vraiment. Dans un des reportages télévisés sur l’offensive israélienne à Gaza, il a été dit, fort à propos, que « la population ne peut plus respirer ». Dans un autre, on entend le journaliste préciser que « les habitants sentent des odeurs pestilentielles qui ne leur sont pas familières ». Comment s’en étonner ? Le largage de milliers de bombes dans l’atmosphère libère une quantité phénoménale d’agents toxiques et de matières en suspension, comme le charbon, le soufre, le phosphore. Sans compter que dans un de ses récents communiqués, Human Rights Watch accuse Israël d’employer du phosphore blanc contre les civils, dont l’utilisation est interdite en tant qu’arme offensive (bien qu’elle soit tolérée en tant que fumigène ou pour éclairer les positions ennemies, ce que prétend faire l’État hébreu). Arme offensive ou pas, le phosphore blanc libéré dans l’atmosphère reste une substance extrêmement toxique. Le désolant spectacle de cette offensive israélienne contre Gaza ne peut que nous rappeler l’offensive similaire lancée contre le Liban en 2006 (utilisation du phosphore blanc inclus). Alors planait sur Beyrouth le même nuage noir qui assombrit aujourd’hui le ciel de Gaza. Rappelons-nous ce que Pierre Malychef, docteur en écotoxicologie, notamment, avait alors dit à L’Orient-Le Jour. Pour lui, ces nuages noirs contiennent « des quantités énormes de matières en suspension », et « provoquent souvent une odeur irritante, asphyxiante, gênante, et la poussière finit par s’accumuler dans la nature et recouvrir plantes et animaux ». Il précisait que ces agents provoquent des intoxications, des infections et, à long terme, peuvent contribuer au développement de cancers. La mort lente après la mort rapide, quoi ! Si, au Liban, la guerre israélienne a causé une marée noire terrible qui avait frappé plus de cent kilomètres de côtes, à Gaza, petite bande de terre surpeuplée, d’autres problèmes écologiques gravissimes pour la santé publique prennent des proportions effrayantes avec les bombardements et le blocus. Les enfants palestiniens qui échappent au massacre sont aujourd’hui acculés à boire de l’eau sale, les coupures d’électricité affectant la distribution de l’eau, et les déplacements de population aggravant tous les problèmes. Quelles en seraient les conséquences à plus ou moins long terme ? Des puits de pétrole incendiés au Koweït après l’invasion irakienne (catastrophe écologique devenue célèbre), aux armes de plus en plus controversées employées dans les conflits au Proche-Orient et ailleurs, la guerre ne fait pas que des victimes à coups d’obus. La sauvagerie humaine laisse derrière elle une senteur de mort qui ne se dissipe pas avec la paix retrouvée.
En temps de guerre, alors que les enfants meurent par centaines, il serait futile de parler de pollution. Futile ? Pas vraiment.
Dans un des reportages télévisés sur l’offensive israélienne à Gaza, il a été dit, fort à propos, que « la population ne peut plus respirer ». Dans un autre, on entend le journaliste préciser que « les habitants sentent des odeurs pestilentielles qui ne leur sont pas familières ». Comment s’en étonner ? Le largage de milliers de bombes dans l’atmosphère libère une quantité phénoménale d’agents toxiques et de matières en suspension, comme le charbon, le soufre, le phosphore. Sans compter que dans un de ses récents communiqués, Human Rights Watch accuse Israël d’employer du phosphore blanc contre les civils, dont l’utilisation est interdite en tant qu’arme offensive...