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Actualités - ANALYSE

Éclairage Les États-Unis se rapprochent du rêve de Martin Luther King

La victoire d’Obama illustre le chemin parcouru par les Noirs dans un pays toujours agité par le démon du racisme. En devenant le 44e président des États-Unis, le sénateur de l’Illinois entre dans l’histoire et fait mentir les pessimistes qui avaient estimé pendant toute sa campagne que l’Amérique n’était pas prête à élire un Noir. Son élection va non seulement rapprocher les Afro-Américains des autres communautés, mais aussi les États-Unis du rêve de Martin Luther King, ébauché il y a 45 ans, de l’égalité entre les races. M. Obama, grand admirateur d’Abraham Lincoln, artisan de l’abolition de l’esclavage, deviendra le 20 janvier 2009 le président d’un pays où le souvenir de la ségrégation et de la lutte des Noirs pour leur émancipation dans les années 1960 reste vif. Son mandat sera scruté avec grande attention pour voir s’il en fera bénéficier la communauté noire, notamment les plus pauvres, et s’il saura refermer des plaies raciales encore grande ouvertes. « Je suis vraiment reconnaissant d’être encore là pour vivre ce moment incroyablement historique pour notre pays », a commenté le parlementaire John Lewis, ancien dirigeant de la lutte pour les droits civiques. « C’est difficile à croire qu’on ait réussi à faire autant de progrès en si peu de temps, que l’on puisse voir un jeune Afro-Américain devenir président des États-Unis », a ajouté M. Lewis, qui fut roué de coups par un groupe de Blancs dans l’Alabama en 1961. Selon lui, les États-Unis sont « prêts à créer une société démocratique vraiment multiraciale ». L’ancien candidat à la présidentielle Jesse Jackson se trouvait au milieu de la foule de partisans de M. Obama rassemblés à Chicago pour la fête de la victoire. Cet ancien dirigeant de la lutte pour l’émancipation des Noirs a écouté le discours de M. Obama, les yeux pleins de larmes. « Je ne savais pas quand, mais j’ai toujours pensé que c’était possible », a déclaré à l’AFP celui qui se trouvait aux côtés de Martin Luther King quand il fut assassiné, il y a 40 ans. « Je sais que mon père aurait été fier de l’Amérique pour cela », a dit Bernice King, la fille du militant des droits civiques, interviewée par la chaîne CNN. « Cela veut dire que le travail pour lequel mon père et ma mère se sont sacrifiés n’a pas été vain. (...) J’étais très émue ce soir et j’ai pleuré en entendant l’annonce (de sa victoire) », a-t-elle ajouté. Martin Luther King serait « fier des nombreux jeunes qui se sont rendus aux urnes pour rendre cela possible. Et c’est un nouveau jour qui se lève sur l’Amérique », a-t-elle conclu. Même John McCain a évoqué l’importance de la race du futur président, en reconnaissant sa défaite. « C’est une élection historique. Je reconnais qu’elle a une signification particulière pour les Afro-Américains », a-t-il indiqué. Bon nombre d’analystes avaient pronostiqué des difficultés à M. Obama en raison de l’ostracisme touchant encore les Noirs américains. M. Obama l’a cependant emporté dans des États ouvriers et majoritairement blancs comme la Pennsylvanie et l’Ohio où il avait été battu pendant les primaires démocrates par la sénatrice de New York, Hillary Clinton. Tout au long de sa campagne, il s’est gardé de se présenter comme le « candidat noir » et a toujours estimé que s’il devait perdre ce ne serait pas à cause de sa race. Ce fils d’une Américaine originaire du Kansas, qui a grandi à Hawaii et en Indonésie, a su adopter un discours décomplexé, insistant systématiquement sur l’unité nécessaire du peuple américain. C’est sans doute le secret de sa victoire.
La victoire d’Obama illustre le chemin parcouru par les Noirs dans un pays toujours agité par le démon du racisme.
En devenant le 44e président des États-Unis, le sénateur de l’Illinois entre dans l’histoire et fait mentir les pessimistes qui avaient estimé pendant toute sa campagne que l’Amérique n’était pas prête à élire un Noir. Son élection va non seulement...