D’autant que la situation n’est pas encore normalisée à Beyrouth. Défiant les mesures édictées par le Conseil intérieur de sécurité, des bandes organisées continuent leurs exactions dans les quartiers panachés du secteur ouest. Les prétendus éléments incontrôlés...
Actualités - OPINION
Le feu sécuritaire couve sous la cendre politique Philippe ABI-AKL
Par ABI AKL Philippe, le 10 juin 2008 à 00h00
Une missive, énonce l’adage local, se lit tout entière à partir du seul libellé de l’adresse sur l’enveloppe. Au lendemain même de Doha, des incidents sanglants avaient été provoqués par qui on sait à Mazraa comme à Aramoun. La majorité avait tout de suite décrypté le message et riposté à l’avertissement en suspendant les tractations ministérielles. En y mettant le holà : priorité vitale à la sécurité. L’extension des clashes au Akkar puis à Saadnayel et Taalabaya, communes mitoyennes mixtes de la zone Chtaura, lui donne raison.
D’autant que la situation n’est pas encore normalisée à Beyrouth. Défiant les mesures édictées par le Conseil intérieur de sécurité, des bandes organisées continuent leurs exactions dans les quartiers panachés du secteur ouest. Les prétendus éléments incontrôlés molestent des gens, s’en prennent à leurs biens, harcèlent des particuliers connus pour leurs sympathies politiques, en leur filant le train. Ils organisent même des patrouilles pédestres, sans hésiter à déclarer qu’ils recherchent des prévenus relevant du Courant du futur ! Nombre de résidents qui avaient fui la zone lors des troubles, pour y effectuer un séjour de reconnaissance à l’annonce de la trêve, en sont de nouveau repartis. Amal et le Hezbollah répètent que ces fauteurs de troubles ne bénéficient d’aucune ombrelle politique. Mais à ce jour, le tandem n’en a livré aucun à la justice et ne déploie pas d’effort sensible pour promouvoir le règne de la loi.
Beyrouth est donc toujours une ville ouverte. À tous les vents de l’insécurité. Il est temps qu’elle soit proclamée ville désarmée. Dans le sens vrai du terme, c’est-à-dire sans étalage de muscles au niveau de la rue. On ne doit plus y voir circuler que les forces de police épaulées par la troupe. Les pérégrinations de trublions, de cliques à talkies-walkies doivent y être fermement réprimées. Le permis de port d’armes doit être non pas simplement suspendu mais supprimé. Les points de chute des éléments subversifs ainsi que les dépôts que leur arsenal occupe doivent être perquisitionnés. L’armement, s’il n’est pas saisi comme le veut la loi, doit au moins être transféré hors de la capitale. Et rendu à sa soi-disant mission résistante.
Blocage
Tant qu’il n’en est pas ainsi, on aura beau s’arranger pour ce qui est de la répartition des portefeuilles, la confiance ne serait pas vraiment rétablie. Et, sans confiance, pas de réconciliation entre les membres d’une même religion. Pas d’apaisement des tensions sectaires. Pas de véritable sortie de crise, ni de parade valable à une éventuelle explosion interne.
Cela étant, la réaction futile des prosyriens, tant aux événements qu’à la lecture urgente qu’en fait la majorité, vient conforter les doutes récurrents concernant la vraie position du commanditaire extra-muros. Les opposants soutiennent en effet que leurs vis-à-vis ne donnent la priorité au dossier sécuritaire que pour masquer leurs divisions concernant la composition du cabinet en gestation. Ils affirment notamment que les pôles du 14 Mars ne sont pas parvenus à convaincre le Dr Samir Geagea de renoncer à briguer un portefeuille en personne.
Les loyalistes indiquent pour leur part qu’ils ne se laissent pas prendre au jeu de diversion du 8 Mars. Ils répètent qu’il n’est pas question de chicaner sur le volet politicien tant que les prosyriens ne tiennent pas les engagements de Doha relatifs à la priorité sécuritaire. Plus globalement, les majoritaires estiment que Doha constitue une victoire libanaise. Dans ce sens que l’accord permet de déjouer le complot d’annihilation de l’État de droit, via la paralysie des institutions, à travers l’élection du chef de l’État, la réouverture du Parlement et le retour à la normale du côté du gouvernement.
Pour les majoritaires, la ligne du Hezbollah reste clairement en faveur d’un État dans l’État. Ils en veulent pour preuve la proclamation, répercutée par Aoun, que la contestation se poursuivra au sein du prochain gouvernement. Pour miner le pouvoir exécutif de l’intérieur. Ils rappellent les propos de Nasrallah : « Nous, nous disposons d’un État. Les autres doivent d’abord en constituer un. Ensuite, ils pourraient venir à nous pour discuter d’une stratégie défensive. » Autre indice probant, selon les loyalistes : l’échange de prisonniers avec Israël. Normalement, ce dossier devrait être traité d’État à État, par le truchement du médiateur allemand. Or le Hezb refuse que les autorités libanaises officielles s’en mêlent. Une manière de répéter qu’il se réserve, comme en juillet 2006, le monopole de toute décision de guerre et de paix. Ce qui est une drôle de façon de concevoir ce principe de la participation dont il se réclame. En sus de l’extraterritorialité qu’il s’arroge dans des régions déterminées. Sans compter ses débordements récents à Beyrouth-Ouest et sa mainmise sur l’accès à l’aéroport.
Une missive, énonce l’adage local, se lit tout entière à partir du seul libellé de l’adresse sur l’enveloppe. Au lendemain même de Doha, des incidents sanglants avaient été provoqués par qui on sait à Mazraa comme à Aramoun. La majorité avait tout de suite décrypté le message et riposté à l’avertissement en suspendant les tractations ministérielles. En y mettant le holà : priorité vitale à la sécurité. L’extension des clashes au Akkar puis à Saadnayel et Taalabaya, communes mitoyennes mixtes de la zone Chtaura, lui donne raison.
D’autant que la situation n’est pas encore normalisée à Beyrouth. Défiant les mesures édictées par le Conseil intérieur de sécurité, des bandes organisées continuent leurs exactions dans les quartiers panachés du secteur ouest. Les prétendus éléments incontrôlés...
D’autant que la situation n’est pas encore normalisée à Beyrouth. Défiant les mesures édictées par le Conseil intérieur de sécurité, des bandes organisées continuent leurs exactions dans les quartiers panachés du secteur ouest. Les prétendus éléments incontrôlés...