Pour l’heure, motus et bouche cousue. Pas un mot de Berry sur les récentes transgressions sécuritaires au Sud face à la Finul. Ou dans la banlieue sud face aux FSI. Ou sur l’interception du Français de l’IS, Karim Pakzad, route de l’aéroport. Ni, là-même, sur les révélations de Joumblatt relatives à la surveillance caméra de la piste 17 par le Hezb. Et encore moins sur les indications de Hamadé concernant le réseau de télécoms du même...
Actualités - OPINION
Escalade politique multiforme Le rendez-vous du 13 ? Un mirage de plus Philippe ABI-AKL
Par ABI AKL Philippe, le 06 mai 2008 à 00h00
L’horizon a la particularité, on le sait, de toujours s’éloigner quand on croit s’en rapprocher. Et c’est bien pourquoi on peut dire que, chez nous, la présidentielle est à l’horizon. De jour en jour, il se confirme que ce mirage ne sera pas dissipé dans une semaine, le 13. Ni même avant l’été, août ou septembre, selon les professionnels les plus optimistes.
Pour l’heure, motus et bouche cousue. Pas un mot de Berry sur les récentes transgressions sécuritaires au Sud face à la Finul. Ou dans la banlieue sud face aux FSI. Ou sur l’interception du Français de l’IS, Karim Pakzad, route de l’aéroport. Ni, là-même, sur les révélations de Joumblatt relatives à la surveillance caméra de la piste 17 par le Hezb. Et encore moins sur les indications de Hamadé concernant le réseau de télécoms du même parti. Qui, bien obligé, a été le seul à commenter les nouvelles le mettant en cause. Pour y trouver un service rendu à Israël. De la poudre aux yeux, à l’en croire, destinée à occulter l’échec d’une opération que les sionistes auraient préparée et qu’il aurait fait avorter. Ajoutant que l’intox médiatique dont il serait victime aurait été télécommandée de Washington.
Toujours est-il qu’une fois de plus, Joumblatt a, dans les faits, soufflé successivement le chaud et le froid, ou l’inverse. Après s’être distingué en rencontrant Berry pour en approuver la démarche dite conciliatrice, il a tenu, comme on sait, une conférence de presse incendiaire, ciblant le Hezbollah.
Dès lors, l’initiative Berry concernant un dialogue national bis s’en retrouve mort-née. Plus personne n’en parle. Sauf dans le cadre d’un échange d’accusations de torpillage. La parenthèse de détente est maintenant refermée. La Bourse, un moment ragaillardie, comme en attestait la vigoureuse poussée en avant des actions Solidere, replonge dans la morosité.
Les opposants, oubliant qu’ils ne s’étaient eux-mêmes pas ralliés franchement au leader d’Amal, accusent donc les loyalistes d’en avoir saboté la tentative de conciliation. Ils rappellent pesamment qu’il avait obtenu lors de sa visite à Damas la bénédiction du démiurge syrien. Nécessaire, comme on sait, pour toute approche de solution. Autrement dit, pour le déblocage. Bien entendu, les reproches des prosyriens, et de leurs bons amis, s’adressent en premier lieu à Joumblatt, suite à ses attaques.
Salve
Mais ils n’épargnent pas Hariri non plus. Affirmant qu’il aurait posé des conditions rédhibitoires concernant la reprise du dialogue. Dont l’exigence, toujours inadmissible pour eux, que la présidentielle ait bien lieu le 13 sans être hypothéquée par un quelconque package deal préliminaire.
Geagea reçoit également son lot d’aménités prosyriennes téléguidées. Pour avoir exprimé ses soupçons au sujet de l’initiative de Berry. Parce qu’à son avis, elle sert manifestement de paravent à la direction syrienne. En accréditant sa thèse d’une crise libanaise purement locale, dans laquelle elle n’aurait absolument rien à voir. Une crise sans lien avec le conflit syro-saoudien, comme Berry lui-même le relevait volontiers. Avant de se faire taper sur les doigts, à ce propos, par les Syriens. Qui prétendent donc que les Arabes font fausse route quand ils demandent à Amr Moussa de traiter le contentieux syro-saoudien, dans le cadre même de ses efforts relatifs à la crise libanaise.
À cette salve des prosyriens, les majoritaires ripostent en observant qu’après débat, le 14 Mars s’est clairement prononcé pour le dialogue proposé par Berry. En chargeant Hariri, une fois de plus, d’entrer en contact avec l’initiateur du projet, pour en organiser la concrétisation. Afin que l’on aboutisse à la présidentielle et que l’on ne se contente pas de parlottes en l’air. Mais, surprise, relancé au téléphone par Hariri pour un rendez-vous, Berry s’est dérobé !
Peut-être pour savourer à son tour le plaisir de refuser de fixer un rendez-vous, comme les Saoudiens l’ont fait avec sa demande d’audience. Il a prié son interlocuteur de s’adresser à Aoun, négociateur attitré du front opposant. Mais pas du tout, le 14 Mars s’est empressé de le souligner, chargé d’organiser le dialogue, d’en fixer le site ou l’ordre du jour. Mission qui revient de droit à Berry, en l’absence d’un chef de l’État, en sa qualité, bien entendu, de président de la Chambre et non de leader d’Amal.
Anticipation
Dès lors, les loyalistes trouvent pour le moins suspect qu’en face on veuille mettre la charrue devant les bœufs. Qu’on cherche à entamer un processus de dialogue sans savoir ni où, ni comment, ni sur quoi il devrait porter au juste. Renvoyant la balle au front prosyrien, ils lui font remarquer que lorsqu’on réclame une déclaration d’intentions, encore faut-il afficher les siennes propres. Et le mettent donc en demeure de proclamer ses positions de base, comme le 14 Mars l’a fait.
Pour les loyalistes, le recul de Berry n’a finalement rien de bien étonnant. Du moment, soulignent-ils, que son propre camp l’a pratiquement désavoué. Comme en témoigne la déclaration de Aoun qu’au dialogue il n’enverrait qu’un simple délégué-observateur. Tandis que Mohammad Raad, du Hezbollah, confirmait que la formule d’une simple déclaration d’intentions, clef de voûte de l’édifice Berry, ne tenait pas debout. Vu qu’il n’y aurait pas de présidentielle avant un package deal global détaillé.
Dans la même solide tradition prosyrienne de rétractations, on note qu’ils ne se disent plus favorables, du côté de la loi électorale, à cette formule de 1960 qu’ils réclamaient à cor et à cri. Une fois que les majoritaires se sont déclarés d’accord sur le principe du caza, les opposants ont réalisé qu’après tout cela ne servirait pas beaucoup leurs intérêts électoraux. Qu’ils ne comptent pas sacrifier rien que pour faire plaisir à Sleimane Frangié. On entend donc Aoun soutenir désormais qu’il vaut mieux s’en tenir au projet établi par la commission Boutros. À deux paliers, caza d’abord, mohafazat ensuite. Avec une dose de proportionnelle.
C’est exactement, note un député loyaliste, le même topo pour la loi électorale que pour la candidature Sleimane. Réclamée avec insistance, au départ, par les prosyriens. Puis contestée par Aoun, Arslane, Skaff et d’autres, une fois admise par les majoritaires. L’objectif étant toujours de retarder, d’entraver la présidentielle. Pour répondre aux vœux pressants de Damas.
L’horizon a la particularité, on le sait, de toujours s’éloigner quand on croit s’en rapprocher. Et c’est bien pourquoi on peut dire que, chez nous, la présidentielle est à l’horizon. De jour en jour, il se confirme que ce mirage ne sera pas dissipé dans une semaine, le 13. Ni même avant l’été, août ou septembre, selon les professionnels les plus optimistes.
Pour l’heure, motus et bouche cousue. Pas un mot de Berry sur les récentes transgressions sécuritaires au Sud face à la Finul. Ou dans la banlieue sud face aux FSI. Ou sur l’interception du Français de l’IS, Karim Pakzad, route de l’aéroport. Ni, là-même, sur les révélations de Joumblatt relatives à la surveillance caméra de la piste 17 par le Hezb. Et encore moins sur les indications de Hamadé concernant le réseau de télécoms du même...
Pour l’heure, motus et bouche cousue. Pas un mot de Berry sur les récentes transgressions sécuritaires au Sud face à la Finul. Ou dans la banlieue sud face aux FSI. Ou sur l’interception du Français de l’IS, Karim Pakzad, route de l’aéroport. Ni, là-même, sur les révélations de Joumblatt relatives à la surveillance caméra de la piste 17 par le Hezb. Et encore moins sur les indications de Hamadé concernant le réseau de télécoms du même...