CITOYEN GROGNON
Ce pays qui ne sait pas garder ses jeunes...
le 01 septembre 2007 à 00h00
Les vacances tirent à leur fin. Déjà en montagne, les arbres commencent à perdre leurs feuilles. Il fait encore si chaud en ville. L’été n’est pas près de se terminer.
Les uns après les autres, les jeunes font leurs valises.
Certains partent entamer ou poursuivre leurs études à l’étranger. En France, au Canada, aux États-Unis... qu’importe, mais là où ils vivront une année universitaire normale, riche en connaissances, en rencontres, en ouverture.
D’autres prennent la direction du Golfe, de l’Afrique, du Kurdistan irakien même, où ils sont accueillis à bras ouverts par des pays en perpétuel développement, par des entreprises avides de sang neuf. Là-bas, leurs compétences et leurs diplômes sont à coup sûr nettement mieux appréciés, et les voies de l’avancement leur sont garanties.
D’autres encore, choisissant la voie du non-retour, émigrent carrément, définitivement, en quête d’une autre vie, plus stable, plus sûre, plus accueillante, plus constructive, loin des tensions communautaires, des discours destructeurs, des promesses de chaos.
Ils sont prêts à tout, ces jeunes, pour une vie normale. Faire des projets d’avenir, élaborer une stratégie de vie, se concocter des vacances, assurer leur vieillesse... quoi de plus alléchant pour ceux qui n’en peuvent plus de voir leurs rêves s’effondrer comme des châteaux de cartes.
Prêts à affronter le grand froid ou les fortes chaleurs, la solitude, l’éloignement du pays, de la famille, des amis. Prêts à s’adapter à une nouvelle culture et même à payer d’exorbitants impôts. Prêts aussi à se serrer la ceinture et à oublier le confort dans lequel ils vivaient jusque-là.
Prêts assurément à effectuer de petits boulots pour arrondir leurs fins de mois. N’importe quels petits boulots, même les plus durs... en attendant de démarrer et de grimper les échelons, un à un.
Les yeux embués de larmes, mais d’un calme stoïque, les parents participent à la cérémonie de bouclage des valises, vérifiant pour la énième fois la liste établie. « N’as-tu rien oublié ? Es-tu sûr que tu ne veux pas prendre un peu de nourriture... juste pour les premiers jours ? »
Les recommandations pleuvent aussi, trahissant une inquiétude à peine masquée : « Pense à faire ton ménage de temps à autre. Nourris-toi bien. Habille-toi chaudement. N’oublie pas de nous appeler à ton arrivée. »
Autour d’eux, plus rien ne compte que ce départ qui les privera de leur fils ou de leur fille pour de nombreux mois, voire des années pour certains. « Je maudis ce pays qui pousse ses jeunes à partir et n’a pas su me garder mon fils » : triste cri d’un père gagné par l’émotion, qui n’en peut plus de retenir ses larmes.
Mais au fur et à mesure que l’heure du départ approche, c’est avec résignation que ces parents regarderont leur enfant chéri prendre son envol, certains qu’ailleurs, la vie lui sourira plus qu’ici.
Anne-Marie EL-HAGE
Les vacances tirent à leur fin. Déjà en montagne, les arbres commencent à perdre leurs feuilles. Il fait encore si chaud en ville. L’été n’est pas près de se terminer.
Les uns après les autres, les jeunes font leurs valises.
Certains partent entamer ou poursuivre leurs études à l’étranger. En France, au Canada, aux États-Unis... qu’importe, mais là où ils vivront une...
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