Courrier Un délicieux « Caramel »

Merci pour ce petit bijou cinématographique qu’est le film Caramel. Un film soigneusement ficelé (car il s’agit aussi de couture !), qui alterne magistralement la critique sociale, l’émotion et le rire, et qui traite avec pudeur des problèmes aussi sensibles que l’homosexualité féminine et la virginité sans jamais déranger ou sombrer dans les excès. Un film où l’on s’accroche au destin de chaque personnage et à leurs rêves déçus. En effet, au-delà de la touche humoristique (on rit beaucoup), le film traite de rêves simples et pourtant inaccessibles. Mention particulière au personnage de Lili, à la fois sympathique et agaçante, aimante et faussement haineuse, prétendument folle, mais avec un brin de lucidité (« Pourquoi la Vierge se fâcherait-elle de moi ? »). Bref, un personnage en qui sommeille une part de chacun de nous. Bravo aussi à Adel Karam, qui a merveilleusement joué son rôle de policier amoureux transi, capable aussi bien de s’acharner sur sa dulcinée à coup de PV que de sacrifier par amour ses moustaches, signe distinctif de virilité. Un film où les personnages sont à la fois attachants et pathétiques, avec leurs faux espoirs inassouvis, toujours si près du bonheur (tout relatif) sans jamais l’atteindre. C’est bien tout le drame des Libanais qu’on retrouve dans ce film. Un véritable coup de maître avec tout le paradoxe d’un film traitant de rêves déçus, mais qui réussit quand même à nous faire rêver ! Bref, un film qui frise la perfection grâce à une subtile analyse psychologique des personnages, une pointe d’humour toujours bien placée pour l’aérer et atténuer l’émotion parfois un peu trop forte, un zeste de lenteur qui permet de le savourer sans jamais frôler l’ennui, une musique pleine de sensibilité et une qualité de photographie de très haute volée. Encore bravo… En sortant de ce film, on ne peut que penser à la vieille pub des chocolats Fingers : « Vous ne pouviez pas le faire un peu plus long ? » Marie-Thérèse NAJJAR