Certes les choix proposés au peuple libanais, libéré du joug syrien et qui porte encore les séquelles de la guerre et des occupations, ne sont pas très variés. D’abord parce que les menaces d’attentats sont toujours là, tout comme les risques d’explosions qui peuvent à tout moment se concrétiser pour déterminer le cours des événements. Le passage de ce qu’avait instauré le...
Actualités - OPINION
D’abord l’élection présidentielle
Par GHANEM Nay, le 22 août 2007 à 00h00
Certes les choix proposés au peuple libanais, libéré du joug syrien et qui porte encore les séquelles de la guerre et des occupations, ne sont pas très variés. D’abord parce que les menaces d’attentats sont toujours là, tout comme les risques d’explosions qui peuvent à tout moment se concrétiser pour déterminer le cours des événements. Le passage de ce qu’avait instauré le mythe de la « pax syriana » à « Syria out ! » n’a pu se faire sans bains de sang. Et ce sont les justes qui ont eu à payer de leur vie le prix de la libération. On entend désormais des noms de personnes ou, surtout, d’organisations, qui représentent une réelle ceinture d’explosifs, implantée sur tout le territoire libanais, prêtes à tout faire sauter dans un instant de folie. Et que dire des milices, locales et étrangères, qui tiennent toutes à dire leur mot. Il en résulte un sentiment généralisé d’insécurité et d’impuissance au sein de la population civile. Sans parler de cette fameuse guerre de juillet 2006, de son impact et des conséquences qu’elle a entraînées sur le moral de la population ; ainsi que d’une Finul qui tente en vain d’assurer un minimum de stabilité à un pauvre Liban devenu source de tous les maux. Plus inquiétant peut-être que tout cela est ce qui se passe actuellement à Nahr el-Bared, avec l’importance de l’arsenal détenu par les terroristes ainsi que l’implication de certains États dans la déstabilisation du Liban.
Il y a aussi, comment l’oublier, l’impitoyable spectacle que nous offre la scène politique locale. Le blocage institutionnel est évident, de même que l’incapacité des institutions à régler le moindre problème qui se pose différend. Avec un Conseil constitutionnel paralysé, un Parlement aux portes closes, un président de la République ignoré par une partie de la caste politique et par nombre d’États étrangers, un Conseil des ministres jugé « anticonstitutionnel » par l’opposition, on se demande comment cette république parvient encore à fonctionner – si tant est qu’elle fonctionne… Il est évident qu’un tel contexte militaire et politique n’est pas sain, alors même que certains y voient le début d’une ère d’anarchie dont la principale cause ne serait rien d’autre que la conjoncture régionale.
C’est dans ce contexte que l’opposition réclame la formation d’un cabinet d’union nationale préalablement à la tenue de l’élection présidentielle, un cabinet qui gouvernerait donc en tant qu’organe collégial. Par un coup de force, pour ne pas parler d’un coup d’État, ce sont les institutions de la République et la République elle-même qui sont désormais menacées. Qui garantirait en effet que la présidentielle se tiendrait après la mise sur pied d’un tel gouvernement ? Qui garantirait que ledit cabinet ne se substituerait pas au président et s’approprierait ses prérogatives ? Pourquoi ne pas attendre l’élection d’un nouveau chef d’État pour former une telle équipe ?
C’est dans ce contexte que l’on commence à parler de nouveaux quotas communautaires, pour des raisons plutôt discutables. Mais sachons du moins que toute révision constitutionnelle qui ne reverrait pas les bases sur lesquelles ont été édifiés la République et le fonctionnement des institutions serait une entreprise vaine. Car Taëf avait, en son temps, révisé le quota communautaire en adoptant les mêmes principes, qui avaient mené à la ruine du Liban sous la Ire République. C’est aussi cette même constitution, celle de Taëf, qui s’est révélée incapable d’assurer un fonctionnement correct des institutions étatiques.
L’interminable bras de fer entre l’opposition et les partisans du gouvernement se poursuit, alors même que le camp chrétien est divisé sur lui-même. Nous courons vers un écroulement des institutions étatiques, prélude à l’effondrement de l’État, si l’élection présidentielles n’a pas lieu dans les délais prévus par la Constitution. C’est bien pourquoi, nous ne nous fatiguerons pas à le répéter : d’abord l’élection présidentielle !
Nay GHANEM
Troisième année de droit – USJ
Certes les choix proposés au peuple libanais, libéré du joug syrien et qui porte encore les séquelles de la guerre et des occupations, ne sont pas très variés. D’abord parce que les menaces d’attentats sont toujours là, tout comme les risques d’explosions qui peuvent à tout moment se concrétiser pour déterminer le cours des événements. Le passage de ce qu’avait instauré le...
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