SEPTIÈME ART
Entretien avec Sergi Lopez, l’inséparable complice de Manuel Poirier
le 22 août 2007 à 00h00
Émouvant héros du dernier film de Manuel Poirier La Maison, l’acteur catalan Sergi Lopez forme avec le réalisateur un couple inédit dans le cinéma français, avec ce 9e film en commun, reflet d’une longue amitié et d’un même attachement au cinéma d’auteur.
Sergi a été « découvert » dans La petite amie d’Antonio, premier film des deux complices qui lui vaut le prix Michel-Simon en 1993, puis lancé par Western, remarqué au Festival de Cannes en 1996 et grand succès populaire. C’est avec un autre réalisateur qu’il décroche en 2001 un César d’interprétation, en jouant le plus qu’ambigu Harry, un ami qui vous veut du bien, de Dominik Moll.
S’il travaille aussi avec Stephen Frears (Dirty Pretty Things, 2003) ou Guillermo del Toro (Le Labyrinthe de Pan, remarqué à Cannes en 2006), il reste imperturbablement fidèle à Manuel Poirier.
« C’est le seul réalisateur auquel je dirais oui sans avoir lu le scénario », explique Sergi Lopez, 41 ans, dans un entretien à l’AFP, aussi simple et chaleureux à la ville qu’un personnage... de Manuel Poirier.
« On a un lien très fort d’amitié, mais ce n’est pas seulement une question d’amitié, il y a quelque chose dans sa recherche qui m’intéresse toujours », dit-il.
Il voit dans son œuvre, « une île de relativité au milieu de toute cette industrie cinématographique où tout est calé, prévu, calculé. L’idée du résultat final est toujours présente dans les autres films, pas chez lui », selon lui.
« Il peut donner une indication à un des comédiens sans que les autres le sachent. Quand tu vas tourner, tu ne sais jamais très bien ce qui va se passer (...) Tu vas découvrir ça au moment où tu es en train de jouer, ça t’oblige à jouer... », dit-il.
Malgré cette longue collaboration, il ne s’identifie pas pour autant au réalisateur : « C’est son film. Le concept d’errance, l’idée de flasher sur une maison (...) Tout ça c’est très de lui, c’est une recherche qui n’a pas de fin », dit-il, tout en rappelant que lui a ses racines à Vilanova, petit village catalan.
Pourtant, reconnaît-il, le personnage principal de La Maison, Malo, « est entre lui et moi, j’apporte quelque chose, ma façon de voir la vie ».
Un « métier de jouer » qui le fascine : « J’aime bien cette idée de plonger dans le danger, parce que ça fait peur de jouer (...) Dans une scène où tu t’y attends le moins, il y a un truc, un bout de phrase qui ne va pas, qui te déstabilise, tu peux tout perdre. Tu joues toujours avec ça, maîtriser cette peur pour la canaliser, pour trouver quand même du plaisir. »
Il a découvert cette passion dans une troupe de théâtre amateur en Catalogne. « J’ai eu une révélation à 18, 19 ans. J’étais tellement perdu, je me demandais ce que j’allais faire. Mécanicien de camion ? J’y croyais pas que je ferais une carrière. Je me suis dit que j’allais essayer pendant un an, et puis j’ai eu des propositions. »
Le choix de ses rôles est déterminé par le scénario. « J’ai besoin d’être intéressé par l’histoire. Après, mon personnage, je m’en fous un peu. Ou j’ai envie d’être dans l’histoire, ou pas. »
Il reste secret sur ses projets : « Je suis en train de lire plein de scénarios. Je ne suis pas encore tombé amoureux. Mais ça va venir », assure-t-il en riant.
Florence BIEDERMANN (AFP)
Émouvant héros du dernier film de Manuel Poirier La Maison, l’acteur catalan Sergi Lopez forme avec le réalisateur un couple inédit dans le cinéma français, avec ce 9e film en commun, reflet d’une longue amitié et d’un même attachement au cinéma d’auteur.
Sergi a été « découvert » dans La petite amie d’Antonio, premier film des deux complices qui lui vaut le prix...
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