Un ancien ministre compare ainsi le rendez-vous aux assises que des pôles chrétiens avaient tenues à Bkerké en 1988. Afin de rejeter le choix syro-américain portant...
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Critiques opposantes et sombre comparaison avec 88 Philippe ABI-AKL
Par ABI AKL Philippe, le 21 août 2007 à 00h00
Avant même que les résultats n’en soient connus, la rencontre de Meraab avait provoqué des réactions de réserve de la part de certains modérés. En sus des critiques que l’opposition n’a pas manqué de développer.
Un ancien ministre compare ainsi le rendez-vous aux assises que des pôles chrétiens avaient tenues à Bkerké en 1988. Afin de rejeter le choix syro-américain portant sur Mikhaïl Daher pour la présidence. Un non qui faisait fi, et défi, de l’injonction lancée par l’émissaire US, Richard Murphy : c’est Daher ou le chaos. On sait la suite : l’option désordre a prévalu. Les députés chrétiens avaient torpillé l’élection, en n’y participant pas, en boudant la séance. Puis le président Gemayel avait confié les rênes à Aoun. Et ce n’était pas exactement la paix, pour ne pas dire la joie…
L’histoire va-t-elle se répéter, la crise s’aggraver encore, le clivage s’accentuer dangereusement ? Les chances d’une entente sur la présidentielle vont-elles s’évaporer pour de bon ? C’est ce qu’appréhendent donc ces modérés. Qui soulignent que, déjà, la situation n’est pas bien brillante de ce côté-là. Étant donné que le Hezbollah et les prosyriens, mais aussi les aounistes, continuent à exiger que l’on mette d’abord un cabinet dit d’union nationale. Contrôlé, ou éventuellement dynamité, via le tiers de blocage.
Les opposants tirent à boulets rouges sur le principe même de concertation des pôles chrétiens loyalistes. Ils affirment qu’il aurait mieux valu éviter une prestation « sectaire » en faveur d’une conférence nationale. Ayant pour but, évidemment, de paver la voie à un cabinet d’union. Et, accessoirement, de traiter d’un président de consensus. Qui aurait pour mission de rassembler les morceaux épars du tissu libanais, tout en réactivant les institutions.
Alignement
En face, on souligne que la primauté est tout naturellement laissée à la composante chrétienne, plus précisément maronite, du camp indépendantiste, concernée au premier chef par la première magistrature. On rappelle ainsi que le chef du Courant du futur, Saad Hariri, tout autant que le leader de la Rencontre démocratique, Walid Joumblatt, ont proclamé qu’ils se tiennent derrière Bkerké au sujet de l’échéance présidentielle. Dans le même esprit, les cadres musulmans ou agnostiques du 14 Mars ont annoncé d’avance qu’ils appuieraient tout candidat sur qui leurs camarades chrétiens se seraient entendus. Ajoutant qu’ils ne voient pas d’inconvénient, non plus, à ce qu’il y ait au départ une liste de noms, un éventail de plusieurs candidatures. Parmi lesquelles une sélection serait opérée au cours d’une grande réunion d’ensemble. L’essentiel étant que le favori retenu en fin de compte s’affirme ensuite comme le président de tous les Libanais. Un rassembleur par définition et par vocation.
Un détail, mais bien dangereux : certaines fractions de la majorité ont porté leur choix sur telle ou telle personnalité déterminée. Elles en ont avisé Hariri et Joumblatt. Pour indiquer qu’elles ne veulent pas s’engager à soutenir d’autres candidatures, ni même le postulant qui serait éventuellement désigné par la majorité de la majorité. Une attitude qui risque, pour le moins, de provoquer des frictions au sein du front indépendantiste.
Cependant, il va sans dire que les pôles chrétiens du 14 Mars sont tous contre une (nouvelle, une énième) retouche de la Constitution aux fins d’ouvrir la voie à tel ou tel postulant potentiel occupant encore des fonctions officielles. Une révision, toujours prétendument pour une seule fois qui était, comme on ne le sait que trop, monnaie courante sous la tutelle syrienne. Et qui a valu au pays, disent les loyalistes, toutes les oppressions d’abord, tous les malheurs subis ensuite, depuis la reconduction du mandat Hraoui.
Les opposants, nostalgiques d’une ère syrienne durant laquelle la Constitution n’était qu’un hochet dont on se jouait fréquemment, reprochent pour leur part aux loyalistes de fermer la porte à une solution plausible comme l’avènement du général Michel Sleimane ou de M. Riad Salamé. Un député contestataire estime même, retour à 88, que le refus d’un amendement constitutionnel pourrait avoir les mêmes effets négatifs que le rejet de Daher cette année-là.
Interrogations
Reste le logo président de consensus. On en parle certes beaucoup. Mais beaucoup de loyalistes, et d’indépendants sensés, se demandent ce que signifie au juste ce label. Comment parvenir à une définition commune, puis quels critères retenir pour le choix. Les constantes nationales ? Oui, mais dans quelle version, celle du 14 ou celle du 8 Mars ?
Ensuite, relève un majoritaire, pourquoi vouloir imposer aux chrétiens, aux maronites, ce dont les autres sont exemptés ? C’est-à-dire, explique-t-il, pourquoi veut-on un président de la République qui serait le fruit de l’accord de toutes les communautés, alors que pour le président de la Chambre et pour le président du Conseil, les chiites et les sunnites ne demandent l’avis de personne ? Ainsi en 2005, après les législatives, le Hezb a pris les devants pour soutenir le retour de Berry au perchoir. En passant royalement outre aux objections des forces du 14 Mars, qui voulaient le changement. Parallèlement, on a laissé ensuite les sunnites choisir seuls Siniora pour la présidence du Conseil.
Quoi qu’il en soit, ce qu’il faudrait maintenant, souligne un professionnel de haut rang, c’est un président qui soit en même temps un garant et un solide élément de sûreté. Garant de la réhabilitation, de la réactivation de l’État et de ses institutions. De sûreté pour l’application des décisions intérieures comme des résolutions internationales.
Avant même que les résultats n’en soient connus, la rencontre de Meraab avait provoqué des réactions de réserve de la part de certains modérés. En sus des critiques que l’opposition n’a pas manqué de développer.
Un ancien ministre compare ainsi le rendez-vous aux assises que des pôles chrétiens avaient tenues à Bkerké en 1988. Afin de rejeter le choix syro-américain portant...
Un ancien ministre compare ainsi le rendez-vous aux assises que des pôles chrétiens avaient tenues à Bkerké en 1988. Afin de rejeter le choix syro-américain portant...
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