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Économie Dynamique et soutenabilité de la dette publique

Par Charbel CORDAHI * Si, sur un plan théorique, la soutenabilité de la dette d’un pays dépend de l’écart entre le taux d’intérêt nominal et le taux de croissance des revenus nominaux, ou de manière équivalente de l’écart entre le taux d’intérêt réel et le taux de croissance réelle de l’économie, deux questions se posent : la dette est-elle excessive ? Si oui, est-elle soutenable ? Dans le cas du Liban, les causes de l’alourdissement de la dette proviennent principalement des déficits publics et des versements d’intérêt qu’ils ont provoqués. Durant les douze dernières années, le déficit et la dette ont eu tendance à s’alimenter : la charge d’intérêt associée à la dette a augmenté le déficit et le financement du déficit par l’emprunt a augmenté l’encours de la dette, ce qui a conduit à son tour à une nouvelle progression des charges d’intérêt. S’agissant des déficits, les niveaux des taux d’intérêt ont joué un rôle important dans leur persistance et donc dans la dynamique de la dette. C’est surtout entre 1994 et 1998 que les taux d’intérêt réels ont atteint des niveaux très élevés, ce qui a pesé sur le service de la dette. Certains économistes qualifient la dette du Liban de « boule de neige ». Cette appellation décrit l’état d’un pays où les taux d’intérêt réels sont supérieurs au taux de croissance. Cette situation provoque une hausse des charges de remboursement par rapport aux revenus et donne lieu à un processus d’endettement cumulatif. Les dettes implicites de l’État sont une autre particularité de la dette libanaise. Les chiffres officiels ne tiennent pas compte des engagements hors bilan, comme la part des retraites des fonctionnaires et militaires non compensée par la contribution des agents, les sommes dues aux hôpitaux et contractuels, les dettes d’EDL, etc. Quel niveau d’endettement est-il viable ? Et à quel niveau la dette du pays devient-elle excessive ? Du point de vue conceptuel, la dette est viable s’il est prévu que l’emprunteur sera en mesure de continuer d’assurer son service, sauf forte correction peu probable du solde de ses revenus et dépenses. Jusqu’à présent, le Liban a honoré ses engagements. Mais la question devient plus complexe pour l’avenir. La dette, exprimée en pourcentage des exportations, ne devrait pas être supérieure au seuil critique toléré par les économistes (200 %). Un autre seuil, largement dépassé par le Liban, est celui du ratio dette/PIB. Alors qu’il est fixé à 40 % pour les pays non industrialisés, ce taux est très nettement dépassé dans le cas du Liban. Il convient également de prendre en considération la structure de la dette. Là, les résultats sont mitigés. D’une part, la plus grande part de la dette est détenue par des résidents, d’autre part, les échéances sont courtes et ne dépassent pas en moyenne les 24 mois. Comment éviter l’explosion de la dette ? Au niveau de l’État, cela passe par des mesures telles que la réduction des dépenses publiques, la réduction des déficits budgétaires, les privatisations, etc. Mais le secteur privé doit également jouer son rôle par une augmentation des investissements productifs, par des placements à long terme, par l’augmentation des capitaux propres, etc. La réduction de la dette publique est aussi l’affaire des entreprises. * Docteur en économie – Centre de recherche et d’études doctorales de l’ESA (CRED). En coopération avec l’ESA
Par Charbel CORDAHI *

Si, sur un plan théorique, la soutenabilité de la dette d’un pays dépend de l’écart entre le taux d’intérêt nominal et le taux de croissance des revenus nominaux, ou de manière équivalente de l’écart entre le taux d’intérêt réel et le taux de croissance réelle de l’économie, deux questions se posent : la dette est-elle excessive ? Si oui, est-elle soutenable ?
Dans le cas du Liban, les causes de l’alourdissement de la dette proviennent principalement des déficits publics et des versements d’intérêt qu’ils ont provoqués. Durant les douze dernières années, le déficit et la dette ont eu tendance à s’alimenter : la charge d’intérêt associée à la dette a augmenté le déficit et le financement du déficit par l’emprunt a augmenté l’encours de la dette, ce qui a...