Actualités - CHRONOLOGIE
Le Sérail accueille l’ouverture syrienne avec autant de circonspection que d’espérance
Par KHOURY Emile, le 24 novembre 2005 à 00h00
Une double initiative positive de Mohammed Naji Otari, Premier ministre syrien : d’abord une lettre, puis un appel téléphonique à Fouad Siniora. Le président du Conseil libanais se réjouit, certes, de ce soudain virage syrien. Mais il ne se paie pas de mots. Et précise dans ses commentaires publics que les deux pays doivent établir entre eux une relation excellente, basée aussi bien « sur l’égalité qualitative », terme soigneusement choisi, que « sur le respect mutuel. »
Il souligne, tant à l’adresse de Damas que des Libanais, qu’après « 30 ans de guerre domestique, d’invasion israélienne occupante et de présence syrienne », il est temps que ce pays prenne ses décisions et sa destinée en main. « Il faut, martèle-t-il, que la Syrie s’habitue au fait que le Liban est un pays souverain, indépendant, avec qui elle doit entretenir de bons rapports. Pendant 30 ans, la relation était confuse. Il nous faut travailler d’arrache-pied pour plus de confiance mutuelle. »
On ne saurait mieux dire que la confiance laisse encore, largement, à désirer. Du côté libanais, s’entend. Ce que Siniora confirme lorsqu’il souligne que la normalisation relationnelle « ne constitue pas un problème pour le Liban. »
Il reste que, comme le relève un pôle politique, si la Syrie veut montrer qu’elle change vraiment d’attitude à l’égard du Liban, il faut qu’elle donne des signes concrets de bonne volonté.
– Tout d’abord, en aidant à corriger les effets de la prorogation du mandat du président Émile Lahoud qu’elle avait imposée au Liban. Une dérive qui a beaucoup coûté aux deux pays et qui a valu à Damas une sévère mise en quarantaine internationale ainsi que de dures pressions. Il s’agirait de faciliter la mise en place d’un nouveau régime libanais amical avec la Syrie, mais, évidemment, sans lui être assujetti.
– Ensuite, en collaborant à fond pour identifier les commanditaires et les exécutants de l’assassinat du président Hariri et des autres martyrs du 14 février. La Syrie doit cesser de mettre des bâtons dans les roues de la commission d’enquête internationale ou de chercher à atermoyer. Tant que la vérité ne sera pas cernée, cette question restera source de froideur entre les deux pays. Pour dissiper les soupçons, la Syrie aurait dû commencer par accepter que les six officiers soient entendus n’importe où et se conformer tout de suite à la 1636. Un innocent n’a pas peur d’être interrogé.
– Enfin, la Syrie doit faciliter l’application de la 1559 comme de la 1614, en vue de la libération du territoire libanais qu’Israël ne cesse d’occuper. La Syrie est appelée à encourager effectivement un dialogue amenant les Palestiniens à se désister de leur armement, en voyant s’améliorer leurs conditions de vie dans les camps. Quant à l’armement du Hezbollah, on doit veiller à ce qu’il ne devienne pas partie intégrante des équations régionalo-internationales. Car cela constituerait alors un danger aussi bien pour la Syrie que pour le Liban. Le pôle cité indique que le Hezb doit s’intégrer étroitement au tissu intérieur libanais, comme parti doté d’une vaste assise populaire, du reste associé au gouvernement. Il n’est pas admissible, souligne cette personnalité, que le Hezbollah reste la seule fraction armée. La question de Chebaa peut être facilement réglée, à partir du moment où la Syrie consent à un tracé des frontières commençant d’ailleurs par ces hameaux. Une fois leur libanité officiellement homologuée auprès de l’ONU, Israël devrait s’en retirer, au titre de la 425 et de la ligne bleue.
Émile KHOURY
Une double initiative positive de Mohammed Naji Otari, Premier ministre syrien : d’abord une lettre, puis un appel téléphonique à Fouad Siniora. Le président du Conseil libanais se réjouit, certes, de ce soudain virage syrien. Mais il ne se paie pas de mots. Et précise dans ses commentaires publics que les deux pays doivent établir entre eux une relation excellente, basée aussi bien «...
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