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Actualités

Voter, un droit et un devoir

C’est avec beaucoup de déception que je prends connaissance de la prise de position de Mme Ghada Khoury sur les élections municipales, dans la rubrique « Ce qu’ils en pensent » (cf. L’Orient-Le Jour du mercredi 28 avril 2004). Je suis d’autant plus déçu que je sais que c’est la position d’une grande majorité de Beyrouthins. Voter est un droit avant tout que nous devons exercer même dans une république pseudodémocratique. Voter est aussi un devoir envers soi-même, envers la nation mais aussi envers les autres concitoyens pour qui chacun de nous fait le choix qu’il croit bon. Je suis un habitant de Beyrouth et je considère que j’ai souffert des choix que mes concitoyens ont faits. En 1997, ma famille et moi avons été évacués manu militari de notre propriété au centre-ville par les forces de l’ordre, une évacuation qui n’avait rien de légitime. Beaucoup de Libanais connaissent l’humiliation d’être dépossédé d’un bien, mais malheureusement pas suffisamment on dirait. Ironiquement, toutes les exactions commises à l’encontre des habitants de Beyrouth en général et du centre-ville en particulier n’ont été sanctionnées que par les plébiscites de M. Hariri en 1998 et 2000, et à voir la situation sur le terrain on va tout droit vers un troisième en 2004. M. Hoss a tout à fait raison de dire que si nous faisons le mauvais choix cette fois, nous n’aurons plus le droit de nous plaindre. La démocratie ne se fait pas au niveau de l’État mais au niveau des électeurs avant tout. Au Liban nous avons la chance d’avoir des mécanismes démocratiques, mais ni les pratiques des électeurs ni celles des élus ne permettent leur bon fonctionnement. Le défaitisme qui anime les 70 à 80 % des Libanais qui n’effectuent pas leur droit et devoir électoral est criminel envers la minorité qui œuvre pour un changement. Il me semble malheureusement que les Libanais ne comprennent pas l’importance du principe de responsabilité qui incombe aux élus et du droit de sanction des citoyens dans une démocratie. Le mot en anglais qui résume le mieux cette idée est : accountability. Peut-être les Libanais méritent-ils un régime autoritaire à l’instar de ceux de nos voisins, pour réellement comprendre la valeur du droit de décision qui nous est accordé. À ceux qui mettront en avant le fait que la décision finale reviendra a ceux que la rédaction de L’Orient-Le Jour appelle « les décideurs », il suffit de faire remarquer que l’intervention de ceux-ci ne se fait – comme dans le cas de ladite initiative des 6 partis – que lorsque aucune décision d’entente n’est possible (...) De plus, les partis d’opposition sont tous responsables de l’échec de la liste qui aurait pu être parrainée par M. Salam, mais vu la position des électeurs (s’ils peuvent être appelés ainsi) et le manque d’appui pour les élus potentiels dont ils font preuve, la répétition du scénario de 1998 semble inévitable. En cette période d’élection, les Libanais désenchantés ne peuvent attendre un miracle, parce que le miracle c’est eux. Et aujourd’hui, il ne s’agit pas de choisir le candidat parfait, mais la solution la moins catastrophique. C’est pour ça que j’invite les Ghada Khoury de Beyrouth et du Liban à aller accomplir leur devoir le 9 mai courant. Mounir DOUMANI
C’est avec beaucoup de déception que je prends connaissance de la prise de position de Mme Ghada Khoury sur les élections municipales, dans la rubrique « Ce qu’ils en pensent » (cf. L’Orient-Le Jour du mercredi 28 avril 2004).
Je suis d’autant plus déçu que je sais que c’est la position d’une grande majorité de Beyrouthins. Voter est un droit avant tout que nous devons exercer...