Russie Chamil Bassaïev menace d'intensifier les attaques en dehors de Tchétchénie(photo)

Le chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev a menacé hier d’intensifier les opérations des rebelles contre l’armée russe à l’extérieur de la Tchétchénie alors qu’une nouvelle attaque a fait au moins deux morts russes dans l’est du territoire indépendantiste. Chamil Bassaïev a annoncé que «les Moujahiddine vont renforcer chaque jour la pression sur l’ennemi, portant des coups aussi bien en Tchétchénie que hors de ses frontières», sur le site Internet des indépendantistes www.kavkaz.org. «Là où l’occupant russe se trouve, là, il y aura la guerre», menace le chef rebelle, ennemi numéro un de Moscou avec le commandant d’origine arabe Khattab. Les rebelles indépendantistes ont pour la première fois jeudi dernier tendu une embuscade en Ingouchie, non loin de la frontière tchétchène, tuant 19 soldats et avivant la crainte d’un embrasement de tout le Caucase du Nord, sept mois après le lancement de l’opération terrestre contre la Tchétchénie. Jusqu’à 500 ressortissants du Daghestan, une autre république frontalière de la Tchétchénie, se battent aux cotés des indépendantistes, selon l’agence Itar-Tass. La question de la sécurité de cette république, théâtre d’une rébellion menée par des indépendantistes venus de Tchétchénie en août et septembre derniers, a fait l’objet d’une réunion hier sur place à laquelle assistait un responsable du ministère de l’Intérieur russe, Igor Zoubov. Lors d’une nouvelle attaque hier près de Batchi-Iourt (est de la Tchétchénie), les indépendantistes ont tué au moins deux soldats russes et en ont blessé plusieurs autres, selon le Kremlin. Les agences russes, citant des sources militaires, ont fait état de trois morts. Les Tchétchènes ont pour leur part affirmé avoir tué 47 soldats dans cette opération et avoir eux-mêmes perdu cinq hommes. Au cours des dernières 24 heures, un soldat russe a par ailleurs été tué et onze autres blessés lorsque leur unité de reconnaissance a sauté sur un engin piégé dans le sud montagneux, selon Interfax. Les Russes ont affirmé avoir tué au cours de la même période 15 combattants dans la forêt de Samachki (ouest de la Tchétchénie), près de la frontière avec l’Ingouchie. Autre sujet d’inquiétude pour les Russes, l’état-major s’est fait l’écho d’une information selon laquelle le président indépendantiste Aslan Maskhadov a ordonné à ses combattants d’intensifier leurs attaques à partir du 20 mai au soir. «Ces actes subversifs» viseraient notamment Grozny, la capitale tchétchène, la seconde ville de la république Goudermes (est) et Khankala (près de Grozny), où est basé le quartier général des forces russes en Tchétchénie. L’état-major a également fait état de la présence d’environ 1 500 rebelles tchétchènes et mercenaires arabes en Géorgie, près de la frontière avec la Tchétchénie (sud du territoire indépendantiste). Les Géorgiens ont démenti. Moscou a d’autre part exigé le désarmement de tous les groupes d’autodéfense à partir d’hier, au lendemain de l’expiration d’une amnistie proposée par la Russie aux combattants tchétchènes. Le délai accordé aux combattants désirant se rendre pour bénéficier d’une amnistie a expiré lundi à minuit. Sur 800 combattants capturés et sous le coup d’une enquête, 150 au total ont été remis en liberté aux termes de la loi d’amnistie, selon le Kremlin. Les combattants tchétchènes ne se rendront jamais, a cependant averti le président ingouche, Rouslan Aouchev. «Ils ne peuvent pas rendre les armes et redevenir de simples civils. Pour eux, il vaut mieux mourir que se rendre», a ajouté le président Aouchev qui plaide, en vain, en faveur de négociations entre Moscou et les indépendantistes.