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Actualités - CHRONOLOGIE

POLLUTION - Fusées et satellites "morts" Alerte aux débris spatiaux

Fragments d’engins spatiaux, derniers étages de fusées et satellites «morts» en orbite autour de la terre inquiètent de plus en plus les spécialistes qui y voient un défi majeur des décennies à venir, même si un seul satellite a fait à ce jour l’objet d’une collision. «Quelque 2 000 tonnes de débris tournent autour de la terre», a déclaré Pierre Moskowa, directeur des techniques spatiales du Centre national d’études spatiales (CNES), à l’issue d’un réunion à laquelle ont participé les spécialistes de différents organismes concernés. Neuf mille objets de plus de 10 centimètres, 110 000 entre un et 10 centimètres et 35 millions de moins d’un centimètre polluent la banlieue terrestre, provenant de satellites en fin de vie opérationnelle, d’étages de lanceurs qui restent en orbite après avoir largué les satellites, se désagrègent et parfois se percutent, multipliant encore le nombre de déchets. Aux vitesses à laquelle se déplacent les objets satellisés (quelque 28 000 km/h), même un débris minuscule devient un projectile redoutable. Compte tenu des immensités spatiales, ils ne présentent pour l’instant qu’un danger limité et le risque de perdre un satellite par collision avec un débris est estimé actuellement à un sur 10 000. Un seul cas prouvé de satellite perdu dans de telles circonstances est connu, celui du micro-satellite technologique français CERISE, lancé par une fusée Ariane en 1995 et mis hors service en 1996 par un des 700 débris de la taille d’un poing issus d’une autre Ariane, lancée en 1986, et dont le troisième étage a explosé neuf mois après sa mission. Solutions futuristes Toutefois, prévient M. Moskowa, «si l’on ne réagit pas, compte tenu des lancements prévus, notamment sur l’orbite basse (entre 600 et 2 000 kilomètres d’altitude), la situation risque de changer fortement car le nombre de débris va croître de façon exponentielle». L’une des mesures, déjà appliquée par certains opérateurs, qui peut réduire le problème consiste à vider les réservoirs des lanceurs en fin de mission. Depuis que ce procédé a été mis en vigueur sur les Ariane, en 1993, aucun étage du lanceur européen n’a explosé. Cette mesure n’est que partielle, car les étages restent sur orbite. Ainsi, un étage de lanceur placé sur orbite de transfert géostationnaire (apogée à 36 000 kilomètres) continuera à tourner au-dessus de nos têtes pendant dix ans, si son périgée passe à 200 kilomètres d’altitude, et il ne retombera seul pour se désintégrer dans les couches denses de l’atmosphère que dans 10 000 ans, si sa trajectoire ne l’amène pas à moins de 600 kilomètres ! L’objectif des spécialistes, avant de parvenir à leur désorbitation totale, est de ramener ces étages sur des orbites plus basses pour réduire leur durée en orbite à vingt-cinq ans. En attendant des solutions futuristes, comme la destruction des déchets par des tirs laser, la seule attitude réaliste consiste à continuer à répertorier les objets détectables et à prendre des précautions. Les «poussières» de moins de 0,01 centimètre ne nécessitent aucune protection, un blindage des engins spatiaux suffisant pour faire face aux débris allant jusqu’à un centimètre. Pour les débris entre 1 et 10 centimètres de diamètre, pas de solution. Ceux qui dépassent cette taille présentent en revanche l’avantage de pouvoir être répertoriés par observation depuis le sol et de permettre des manœuvres d’évitement. Une réglementation internationale validée par les Nation unies devrait voir le jour. En attendant, une dizaine d’agences spatiales ont déjà mis en place un comité de coordination, IADC (Inter Agency Space Debris Coordination Committee) au sein duquel le CNES a préparé une première version d’un document, «Exigences de sécurité – Débris spatiaux». Ce document ne constitue pas une réglementation, mais une recommandation, un premier pas vers un «espace propre».
Fragments d’engins spatiaux, derniers étages de fusées et satellites «morts» en orbite autour de la terre inquiètent de plus en plus les spécialistes qui y voient un défi majeur des décennies à venir, même si un seul satellite a fait à ce jour l’objet d’une collision. «Quelque 2 000 tonnes de débris tournent autour de la terre», a déclaré Pierre Moskowa, directeur des...