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Actualités - REPORTAGES

CORRESPONDANCE MARTHA HRAOUI À L'ORANGERIE DU LUXEMBOURG Une courbe ascendante

L’orangerie du Luxembourg est un État dans l’État, un jardin dans le jardin qui fut celui du palais de Catherine de Médicis et qui appartient aujourd’hui au Sénat. L’hiver, on y met à l’abri les orangers dans leurs grandes caisses de bois et, le printemps venu, on les en sort pour les aligner le long d’une grille où ils embaument jusque vers la mi-juillet pour le plus grand bonheur des habitués du lieu. L’orangerie est alors rendue à sa seconde vocation, celle d’une salle d’exposition que ses hautes verrières rendent exceptionnellement lumineuse. La tradition veut qu’y soit proposé au public, le premier dimanche de septembre, le produit des ruchers du jardin où, peu de gens le savent, existe une école d’apiculture. Pas spécialement meilleur qu’un autre, ce miel est toutefois recherché comme une rareté par des collectionneurs qui en conservent les pots pour leur étiquette portant la mention «Miel du Luxembourg». Mais avant cela, l’espace est dévolu aux artistes. Évidemment, n’y expose pas qui veut, une commission devant examiner les dossiers de candidature. Trois élus pour ce début d’été, parmi lesquels Martha Hraoui. Martha est une obstinée, ce qui prouve autant son caractère bien trempé que ses solides convictions en matière de peinture. Nous la retrouvons telle qu’en elle-même à travers ses deux thèmes favoris : les nus et les paysages du Liban. Telle qu’en elle-même et pourtant différente, le travail devant figurer pour elle, à l’évidence, une courbe ascendante. Sanguines ou pastels, ses nus – son point fort de toujours – dénotent davantage encore d’assurance. Même si le modèle est français, toutes ces femmes opulentes, non pas lascives mais plutôt indolentes, ont quelque chose d’indéniablement oriental. Les paysages, quant à eux, ne se cachent pas d’être libanais, et plus précisément situés dans la Békaa dont le souvenir ne cesse de tarauder Martha Hraoui. Elle y intègre d’ailleurs des personnages croqués sur le vif au gré de séjours dans la région. Sa nouvelle technique qui consiste à superposer des aplats au couteau à une première couche de peinture au pinceau donne à ces paysages un aspect «lointain» qui semble exprimer son propre éloignement physique, un peu comme s’ils étaient devenus pour elle «cosa mentale».
L’orangerie du Luxembourg est un État dans l’État, un jardin dans le jardin qui fut celui du palais de Catherine de Médicis et qui appartient aujourd’hui au Sénat. L’hiver, on y met à l’abri les orangers dans leurs grandes caisses de bois et, le printemps venu, on les en sort pour les aligner le long d’une grille où ils embaument jusque vers la mi-juillet pour le plus grand...