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Actualités - CHRONOLOGIE

Cinéma - Mélo muet en noir et blanc Juha finlandais

Soixante-dix ans après l’arrivée du cinéma parlant, l’anachronique Finlandais Aki Kauriskami signe un superbe mélo muet en noir et blanc, Juha, présenté en première mondiale au Forum international du jeune cinéma. Le réalisateur de Au loin s’en vont les nuages (“Drifting Clouds ”), un conte à la Capra aux couleurs éclatantes, estime que quand les films se sont mis à bavasser, «les histoires ont perdu leur pureté et le cinéma, son essence, l’innocence». Il a donc réalisé un vieux rêve en adaptant à l’écran un roman de 1911 de son compatriote Juhani Aho sur une musique de Anssi Tikanmaki, qui a déjà composé pour des classiques : Eisenstein, Feuillade, Von Stroheim, Murnau. Ce mélodrame raconte la tragique histoire de Juha (Sakari Kuosmanen) et de Marja (Kati Outinen) qui vivent paisibles et heureux en cultivant leurs choux, jusqu’au jour où un élégant étranger en voiture décapotable tombe en panne près de leur ferme. Shemeikka (le Français André Wilms) séduit Marja et lui fait miroiter le rêve de la grande ville, les toilettes, les parfums. La jeune femme s’enfuit avec lui à Helsinki et découvre, horrifiée, que Shemeikka est un infâme souteneur. Pendant ce temps Juha, désespéré, songe à se venger. Expérience inédite Comme aux premiers temps du cinématographe, des cartons sont insérés entre les scènes pour expliquer l’intrigue. Et les acteurs jouent remarquablement, comme naguère, d’un simple regard pour traduire de façon très expressive toute la gamme des sentiments, accompagnés par la musique qui souligne la joie, la colère, le désespoir. Le réalisateur de La Fille aux allumettes, Leningrad Cowboys Go America, La Vie de bohème fait une seule exception à la règle du muet dans une scène où l’actrice Elina Salo chante, en français Le Temps des cerises. Nostalgique de Lilian Gish dans Broken Blossoms de D.W. Griffith et de L’Aurore de Murnau, ses deux films préférés de l’ère du muet, Aki Kaurismaki a retrouvé la magie des classiques de cette époque, mais Juha n’est pas un orthodoxe, car il n’a pas cherché à copier l’allure saccadée des débuts du cinéma. Après cette expérience inédite, Aki Kaurismaki voudrait «faire un film comme ‘Une femme est une femme’ avec de la musique, un film allant de Melville à Ozu en passant par Godard», dit-il dans une interview aux Cahiers du Cinéma. Le mensuel est allé l’interviewer dans l’hôtel-restaurant qu’il a ouvert à Karkkila, «la ville la plus pauvre de Finlande», dans une ancienne maison de retraite pour ouvriers et lui consacre une dizaine de pages dans son numéro d’avril. Le cinéaste, dont les personnages ne sont jamais loquaces (dans La Fille aux allumettes, il faut attendre seize minutes pour entendre le premier mot : «Une bière!»), promet que le prochain film sera «plein de couleurs et plein de dialogues à la mitraillette».
Soixante-dix ans après l’arrivée du cinéma parlant, l’anachronique Finlandais Aki Kauriskami signe un superbe mélo muet en noir et blanc, Juha, présenté en première mondiale au Forum international du jeune cinéma. Le réalisateur de Au loin s’en vont les nuages (“Drifting Clouds ”), un conte à la Capra aux couleurs éclatantes, estime que quand les films se sont mis à...