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Actualités - CHRONOLOGIE

La dernière Françafrique avant l'Euro

Quelque peu refroidis par l’élargissement systématique de la «Françafrique», le sommet initialement réservé aux anciennes colonies françaises du continent noir, les présidents du «pré-carré africain» iront cependant tenter de se rassurer, une nouvelle fois, jeudi et vendredi à Paris sur l’avenir de leur monnaie. Depuis l’avènement d’un gouvernement socialiste à Matignon et la réforme du ministère français de la Coopération, ancien partenaire privilégié des chefs d’État des pays issus de la colonisation française, le cordon ombilical n’est plus aussi solide, même s’il n’a pas encore été entièrement tranché, constate-t-on dans les pays francophones. La France reste pourtant, même en révisant son aide à la baisse, le premier bailleur de fonds bilatéral de nombre de pays africains et ses entreprises y remportent encore nombre de marchés et de privatisations. Le premier voyage africain en octobre 1997 du ministre socialiste des Affaires étrangères Hubert Védrine, il y a juste un an, mettant au même niveau l’Ethiopie, et l’Afrique du Sud que la Côte d’Ivoire ou le Gabon avait déjà alerté les dirigeants francophones, malgré le discours officiel de «fidélité dans l’amitié» lancé à cette occasion aux «anciens» francophones. La France, qui a réduit le nombre de ses troupes stationnées en Afrique, a aussi annoncé ne plus vouloir envoyer ses légionnaires gendarmer le continent, soutenir des régimes «amis» et intimider des putschistes potentiels. Elle s’est même alliée avec les États-Unis ou la Grande Bretagne – que l’on a longtemps considérés comme ses rivaux dans sa chasse gardée africaine – pour financer des opérations de formation d’unités africaines d’intervention et de maintien de la paix. La «normalisation», amorcée par les socialistes français, des relations entre Paris et ses anciennes colonies, interprétée comme une distanciation voire un abandon par nombre de présidents africains, n’a toutefois pas touché au nerf de la guerre. Au 1er janvier prochain, le franc CFA, issu de la «communauté financière d’Afrique», garanti par le Trésor français, passera, toujours sous parité fixe, dans le giron de l’Euro. Echaudés par une dévaluation surprise de 50 % de leur monnaie – déjà ressentie par beaucoup comme une première «trahison» de Paris – en janvier 1994, les Africains continuent d’avoir peur. Ce véritable pavé dans la mare de l’unanimisme sur un arrimage sans problème du CFA à l’Euro, éclabousse d’autant plus qu’il a été lancé par un homme qui a gardé beaucoup de contacts en Afrique, où il avait été, à Dakar il y a quarante ans, le dernier gouverneur général de l’Afrique occidentale française. Nombre de chefs d’État africains répèteront sans doute à Paris que si la garantie du lien entre le CFA et l’Europe devenait caduque, alors le divorce serait prononcé, la «Françafrique» ne serait plus jamais comme avant.
Quelque peu refroidis par l’élargissement systématique de la «Françafrique», le sommet initialement réservé aux anciennes colonies françaises du continent noir, les présidents du «pré-carré africain» iront cependant tenter de se rassurer, une nouvelle fois, jeudi et vendredi à Paris sur l’avenir de leur monnaie. Depuis l’avènement d’un gouvernement socialiste à Matignon et...