Actualités - CHRONOLOGIE
Russie - Scénarios variés pour une crise Un casse-tête pour les analystes
le 21 novembre 1998 à 00h00
La crise russe donne du fil à retordre aux économistes : après avoir prédit des drames en cascade qui ne se sont pas avérés, ils égrennent aujourd’hui les scénarios les plus variés, tout en s’avouant un peu perdus dans le brouillard maintenu par le gouvernement russe. «Je n’y vois vraiment pas clair», admet ainsi Jérôme Sgard, analyste au centre de recherches français du CEPII, un des rares experts à avoir pourtant prédit mot pour mot les premiers jours de la crise russe. Trois mois après le début de la déroute des finances russes, il est confronté, comme ses collègues, à l’absence de programme concret du gouvernement éclectique d’Evgueni Primakov. Le plan de sauvetage de l’économie a bien été présenté, mais «il ne propose pas ou peu de mesures concrètes et surtout n’explique pas comment elles seront financées», remarque un analyste occidental tout aussi perplexe que M. Sgard. À cela s’ajoutent les déclarations contradictoires des ministres, dont celles du communiste Iouri Maslioukov ou du libéral Mikhaïl Zadornov qui n’en finissent pas de brouiller les pistes. L’OCDE, elle-même, admet à demi-mot son embarras : les perspectives de la Russie sont «extrêmement incertaines» et «dépendront pour beaucoup des choix du nouveau gouvernement», explique-t-elle dans son rapport annuel. Tous attendent en particulier des clarifications sur les options monétaires des autorités russes. Selon un économiste russe, la question centrale est «le montant des émissions auxquelles aura recours le gouvernement», puisque ce sont elles qui plongeront ou non le pays dans la dramatique spirale de l’hyperinflation. «Les premiers pas du gouvernement laissent entendre qu’elle ne sera pas trop forte», estime-t-il prudemment. Mais sans aide extérieure – le FMI suspend un prêt depuis septembre dans l’attente d’un plan cohérent – et avec les échéances importantes du remboursement de la dette extérieure en 1999, les autorités russes pourraient bien n’avoir pas d’autre choix que d’abuser de la planche à billets pour combler un déficit d’au minimum 60 milliards de roubles (près de 4 milliards de dollars). À moins qu’elles ne décident de rééchelonner une très grande partie de sa dette due aux Clubs de Paris et de Londres, pour l’injecter par exemple dans le secteur industriel du pays, ce qui serait positif. Ces suppositions font varier les perspectives entre le cauchemar d’une inflation à 50 % et plus, et des jours plus légers avec l’espoir d’une reprise grâce à l’industrie nationale. Si les financiers, dont le secteur est sinistré, ont les visions les plus noires, les entrepreneurs font partie des plus optimistes. Certains étrangers envisagent même d’ouvrir une production, comme le patron d’Electrolux à Moscou, Pascal Montpetit.
La crise russe donne du fil à retordre aux économistes : après avoir prédit des drames en cascade qui ne se sont pas avérés, ils égrennent aujourd’hui les scénarios les plus variés, tout en s’avouant un peu perdus dans le brouillard maintenu par le gouvernement russe. «Je n’y vois vraiment pas clair», admet ainsi Jérôme Sgard, analyste au centre de recherches français du CEPII, un des rares experts à avoir pourtant prédit mot pour mot les premiers jours de la crise russe. Trois mois après le début de la déroute des finances russes, il est confronté, comme ses collègues, à l’absence de programme concret du gouvernement éclectique d’Evgueni Primakov. Le plan de sauvetage de l’économie a bien été présenté, mais «il ne propose pas ou peu de mesures concrètes et surtout n’explique pas comment elles...