Actualités - CHRONOLOGIE
La CIA intervient dans les recherches universitaires
le 19 novembre 1998 à 00h00
La CIA a poussé l’Université de Hawaï à limoger un éminent professeur de géographie dont les conclusions ne correspondaient pas à sa vision de la Chine. Le professeur Gary Fuller dirigeait dans cette université une étude financée à hauteur de 245 000 dollars par les services de renseignements américains et consacrée aux «zones de fractures» potentielles en Asie, liées à des problèmes ethniques. L’université a accédé à la demande de la CIA, en révoquant Fuller, sans préavis. Elle l’a ensuite rétabli dans ses fonctions, lorsque le professeur, qui a été consultant pendant 13 ans pour la CIA, a menacé d’engager des poursuites judiciaires pour violation de son droit contractuel à la non ingérence dans ses recherches universitaires. La CIA a refusé de commenter l’incident. Le professeur, spécialiste de démographie, a déclaré cette semaine que l’Agence cherchait à savoir si la Chine pourrait «exploser» bientôt.Citant d’anciens collègues de Langley, le siège de la CIA en Virginie, Fuller explique que pour racheter leur incapacité à prévoir l’effondrement de l’Union soviétique et de la Yougoslavie, les services de renseignement espèrent être mieux préparés à celui de la Chine. Selon eux, l’éclatement suivrait des lignes de fractures ethniques. «La CIA voulait que notre rapport appuie ce qui semble être la nouvelle ligne de l’agence sur une éventuelle dislocation de la Chine», a-t-il dit. «Quand mes collègues et moi n’avons pas voulu leur dire ce qu’ils voulaient entendre, les ennuis ont commencé». Dans son rapport final daté du 15 août 1998, Fuller mentionne la province de Sinkiang, ou «la zone de fracture musulmane occidentale», comme la principale source potentielle de troubles à caractère ethnique en Chine dans les trois prochaines années. Un mouvement séparatiste y a vu le jour ces dernières années parmi les Ouïgours, turcophones musulmans qui représentent officiellement 47 % de la population de cette province du nord-ouest de la Chine. La région est également peuplée de Kazakhs, d’Ouzbèques et de Tadjiks. «S’il n’est pas inconcevable qu’une partie de la Chine puisse faire sécession un jour, nous sommes convaincus que cela ne se produira pas à l’horizon des trois prochaines années, couvertes par cette étude», lit-on dans le rapport. «Un démembrement général semble encore plus lointain».
La CIA a poussé l’Université de Hawaï à limoger un éminent professeur de géographie dont les conclusions ne correspondaient pas à sa vision de la Chine. Le professeur Gary Fuller dirigeait dans cette université une étude financée à hauteur de 245 000 dollars par les services de renseignements américains et consacrée aux «zones de fractures» potentielles en Asie, liées à des problèmes ethniques. L’université a accédé à la demande de la CIA, en révoquant Fuller, sans préavis. Elle l’a ensuite rétabli dans ses fonctions, lorsque le professeur, qui a été consultant pendant 13 ans pour la CIA, a menacé d’engager des poursuites judiciaires pour violation de son droit contractuel à la non ingérence dans ses recherches universitaires. La CIA a refusé de commenter l’incident. Le professeur, spécialiste de...