Actualités - REPORTAGE
Asie Les tigres malades risquent de voir leurs griffes s'émousser
le 24 avril 1998 à 00h00
La crise financière sans précédent qui frappe les «tigres malades» d’Asie pourrait avoir de fâcheuses répercussions sur les capacités de défense des pays concernés, s’ils tardent à adopter les réformes économiques et politiques qui s’imposent, relève l’IISS. Seuls la Chine, Taiwan et le Japon sont relativement épargnés par la contagion qui a durement touché l’Indonésie, affecte la Corée du Sud, s’est étendue à l’Inde et a singulièrement aggravé la situation de la Corée du Nord, note l’institut. Des réformes en profondeur des appareils bancaires, institutions financières et dans certains cas des systèmes politiques sont indispensables pour relancer la croissance et espérer renouer avec le miracle économique de la dernière décennie. A défaut, les difficultés économiques amèneront des réductions de dépenses militaires, des achats d’armements et des budgets d’entretien, suggère l’IISS. Avec une Indonésie qui résiste aux changements requis, «personne ne peut être optimiste quant à un rétablissement rapide de l’Asie du sud-est», relève l’institut. Dans ce contexte, la Chine apparaît comme un relatif pôle stabilisateur dans la région. La transition s’est faite en douceur après la mort en février 1997 du Petit Timonier Deng Xiaoping. La politique de réformes peut paraître «irréversible», notamment depuis la nomination en mars dernier du nouveau premier ministre, Zhu Rongji. L’ouverture s’est poursuivie en direction des Etats-Unis, mais aussi dans une moindre mesure du Japon et de la Russie. Le retour dans le giron de Pékin de la colonie britannique de Hong Kong, le 1er juillet 1997, «s’est passé sans incident majeur». Le transfert de souveraineté était considéré comme un test qui permettrait de mesurer «son adaptabilité et le bien-fondé de ses intentions déclarées de respecter les règles du jeu international». Réchauffement L’IISS note aussi la diminution de l’implication de l’Armée populaire de libération «dans la gestion politique au jour le jour», de manière à se concentrer «sur ses efforts de modernisation». En contrepartie, l’armée «se sort plutôt bien des réformes en cours». Si ordre lui a été donné de réduire encore ses effectifs pour les limiter à 3 millions d’hommes, elle a en revanche bénéficié cette année encore d’une revalorisation de 12% de son budget, porté à 11 milliards de dollars, le plus conséquent avec celui de l’éducation. L’IISS parie sur «la poursuite de l’adaptation prudente (de la Chine) au monde occidental et particulièrement aux Etats-Unis». Il relève toutefois que l’amorce de rapprochement et de dégel dans les relations entre la Russie et le Japon en 1997-98 a été partiellement motivée par «la crainte commune de l’émergence d’une Chine plus nationaliste et plus puissante militairement». «A la différence des Américains et des Européens, les Japonais étaient sceptiques quant à la possibilité d’enregistrer une amélioration des relations difficiles avec leurs voisins du nord, dans la foulée de l’abandon de la guerre froide et de l’effondrement de l’Union Soviétique». «Depuis le début 1997 toutefois, les signes imperceptibles de réchauffement se sont manifestés». A telle enseigne que le Japon apparaît prêt à dissocier l’évolution de ses relations commerciales avec la Russie de sa revendication territoriale exigeant que Moscou restitue les quatre «territoires du nord». Les perspectives concernant la Corée du Nord demeurent particulièrement sombres. L’aide internationale a permis au régime d’éviter l’effondrement tant annoncé pour 1997. L’IISS, pour 1998, entrevoit au mieux une poursuite du rationnement alimentaire, et au pire une famine. Il résume en un titre cynique la situation, y compris le relatif ascendant pris par Kim Jong Il: «Kim est à la hausse, l’économie à la baisse». Paradoxalement, les difficultés persistantes de la Corée du Nord pourraient contribuer à «rendre moins préoccupante la sécurité» dans la péninsule, alors que s’esquisse «une relation plus constructive» entre les deux Corées. (AFP)
La crise financière sans précédent qui frappe les «tigres malades» d’Asie pourrait avoir de fâcheuses répercussions sur les capacités de défense des pays concernés, s’ils tardent à adopter les réformes économiques et politiques qui s’imposent, relève l’IISS. Seuls la Chine, Taiwan et le Japon sont relativement épargnés par la contagion qui a durement touché l’Indonésie, affecte la Corée du Sud, s’est étendue à l’Inde et a singulièrement aggravé la situation de la Corée du Nord, note l’institut. Des réformes en profondeur des appareils bancaires, institutions financières et dans certains cas des systèmes politiques sont indispensables pour relancer la croissance et espérer renouer avec le miracle économique de la dernière décennie. A défaut, les difficultés économiques amèneront des...