Cette criminalité en constante évolution impose à l’Organisation internationale de police criminelle (OIPC) de moderniser et adapter au plus tôt ses moyens de lutte, même si l’organisation basée à Lyon (centre de la France) ne dispose d’aucun pouvoir opérationnel sur le territoire de ses 177 Etats membres.
Interpol a centré cette conférence sur la formation et la confrontation d’expériences concrètes. Elle a ouvert ces travaux, fait rare pour cette administration qui cultive le secret, à des représentants d’ECPAT (End Child Prostitution in Asian Tourism), de l’Unicef, de l’Organisation mondiale des douanes, de l’Organisation mondiale du tourisme et, surtout, du principal fournisseur d’accès à Internet, America Online.
Pendant trois jours, ateliers pratiques et exposés ne succéderont, explique l’organisatrice, Agnès Fournier de Saint-Maur, coordinatrice du groupe de travail permanent d’Interpol sur les infractions contre les mineurs.
L’Argentine, considéré par Interpol comme l’un des leaders régionaux de la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants, a été choisi parce que le continent sud-américain devient, avec l’Europe de l’Est, le nouveau «paradis» des pédophiles, après l’Asie du Sud-Est.
Des spécialistes expliqueront comment «faire parler» une cassette vidéo à caractère pédophile, en identifiant sa «signature» (mêmes modus operandi) et en remontant la chaîne des duplicata jusqu’à la source.
Violence extrême
Des milliers de cassettes sont saisies chaque année, en particulier dans les pays occidentaux, «les pédophiles ayant un besoin maladif de s’enregistrer et d’échanger du matériel», explique Mme Fournier de Saint-Maur.
«Le dépiautage de ces films représente un travail énorme», ajoute-t-elle. A Buenos Aires, on examinera la possibilité d’élargir à d’autres pays un projet lancé en Allemagne et en Suède pour créer une base de données internationale répertoriant les images, afin de faciliter comparaisons et identifications.
Ce travail est d’autant plus important que s’échangent parfois des cassettes mettant en scène des «violences extrêmes» (actes de torture). Interpol a eu connaissance, par exemple, de deux cassettes saisies lors des cinq dernières années «quelque part en Europe», comportant apparemment la mise à mort d’enfants.
Internet devient un souci majeur pour des policiers. Les participants réfléchiront aux moyens d’associer les fournisseurs d’accès à leurs enquêtes afin de détecter ces échanges et matérialiser les preuves.
Un officier de la Metropolitan Police de Londres viendra présenter les dernières techniques de la médecine légale permettant d’identifier l’auteur d’un viol, par exemple, notamment les recherches à partir de l’ADN.
Enfin, l’OIPC, qui ne peut, du fait de son statut, travailler qu’à la coopération entre les polices nationales, démontrera à Buenos Aires l’intérêt, pour chaque pays membre, d’un registre interne des pédophiles condamnés, idée calquée sur un projet de loi en cours d’examen au Parlement britannique. Ce fichier s’accompagnerait de l’obligation faite à ceux qui y figurent de s’enregistrer, à leur sortie de prison, au commissariat du quartier.
L’organisation dispose d’une ébauche de fichier international, avec 150 pédophiles connus pour agir hors de leur pays, dont elle diffuse portraits et empreintes digitales. Interpol travaille à la création d’ici à août d’une base de données séparée pour les délinquants ou criminels sexuels, pour l’instant «noyés» dans son fichier général, parmi les terroristes ou trafiquants d’armes.
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