Le président a certes l’image d’un personnage omnipotent, surtout vu de l’étranger. Mais l’initiative, au moins sur le plan intérieur, appartient souvent au Congrès, que le président ne peut dissoudre.
Si la guerre froide avait accru le rôle du président en raison des risques du conflit nucléaire, la désintégration de l’ex-URSS a ramené le balancier dans la direction inverse.
«Cela a commencé avec (le républicain George) Bush», affirmait Samuel Popkin, professeur de sciences politiques à l’université de Californie à San Diego et expert des relations entre l’Exécutif et le Législatif.
La guerre contre l’Irak, en 1991, «lui a fourni un bref répit, mais maintenant, nous sommes de retour aux situations où il n’y pas de guerre», expliquait-il.
Or, la Constitution, qui repose sur le principe de l’équilibre des pouvoirs, donne au législatif d’importantes prérogatives.
Ainsi, le président a beau être «le leader du monde libre», selon l’expression consacrée, augmenter le prix de l’essence d’un cent par litre relève pour lui du parcours d’obstacles.
Car s’il propose, c’est le Congrès qui tient les cordons de la bourse et qui dispose. Chaque membre du Congrès est en fait autonome. «Nous avons 435 partis à la Chambre», plaisante M. Popkin dans une référence aux 435 membres de la Chambre basse.
«Les présidents ne sont pas forts. La seule fois où un président peut avoir l’air fort, c’est quand l’opposition commet une erreur extraordinaire, comme les républicains fin 1995», poursuit-il.
Cette erreur de la part des républicains, qui avaient conquis le Congrès l’année précédence, avait été d’aller trop loin dans leur «révolution conservatrice», donnant ainsi à M. Clinton l’occasion de se présenter comme le défenseur de l’Amérique profonde en utilisant son droit de veto.
La politique étrangère,
une chasse gardée...
Reste la politique étrangère, qui reste en grande partie le domaine réservé de la Maison-Blanche.
Elle l’était sans partage du temps de la guerre froide. «La politique étrangère aujourd’hui, c’est la politique commerciale», souligne M. Popkin. Surtout avec M. Clinton, qui a fait de la diplomatie des Etats-Unis un instrument pour promouvoir les exportations américaines.
Le président a «des prérogatives limitées» en politique étrangère, affirme-t-il. Car s’il peut décider d’envoyer des troupes en Bosnie, comme M. Clinton l’a fait en décembre 1995, le Congrès peut s’y opposer en refusant de voter les fonds nécessaires.
De plus, lorsque l’Exécutif et le Législatif sont aux mains de deux partis différents, comme c’est le cas depuis deux ans, le Congrès n’hésite pas à essayer d’imposer ses vues. Il y parvient souvent.
Le durcissement l’an dernier de la politique américaine vis-à-vis de Cuba d’une part, de la Libye et de l’Iran de l’autre, avec les lois Helms-Burton et d’Amato, avait été imposé à M. Clinton par la majorité républicaine du Congrès.
Les républicains ayant conservé le contrôle du Congrès le 5 novembre, M. Clinton devra poursuivre cette «cohabitation» avec ses adversaires au moins jusqu’en janvier 1999.
Cette évolution en faveur du Législatif risque fort de se poursuivre, de toute manière, durant les quatre prochaines années, l’autorité et les pouvoirs de persuasion d’un président face au Congrès diminuant en général lors de son second mandat, le dernier.
«Il faut une crise majeure pour redonner de l’énergie à un président durant un second mandat», assure Stephen Hess, analyste à la Brookings Institution de Washington.
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