Lancé à Hydra voici une quinzaine d’années par Jack Lang et Melina Mercouri, le projet d’Etats-Unis méditerranéens est resté de l’ordre de l’utopie. Pouvait-il d’ailleurs en être autrement? L’Europe elle-même ne s’est pas faite si aisément! Mais, s’il existe encore aujourd’hui de farouches eurosceptiques, et pas seulement en Angleterre, si tout le monde rechigne à la perspective des calculs qu’imposera l’adoption de l’ECU, verrait-on les riverains du Mare Nostrum refuser de se fédérer autour de leurs dénominateurs communs, et par exemple de leur droit inaliénable à la sieste? Pourquoi, après tout, ne pas considérer que ses Etats-Unis méditerranéens existent déjà de fait grâce à quelques signes de ralliement, à la fois valeurs morales et nourritures terrestres bien tangibles?
Une couleur
insaisissable
L’huile d’olive, que Fernand Braudel présentait comme «un don de la Méditerranée à l’Occident», n’est pas le moindre de ces éléments fédérateurs, et le coffret «Découverte et dégustation» imaginé par Oliviers et compagnie est un bien joli symbole de ce patrimoine immémorial que nous avons tous en partage. Dans un habillage aux couleurs subtilement moirées inspiré d’une méditation de Van Gogh sur l’insaisissable vert argenté du feuillage de l’olivier, il propose des petites carafes d’huiles de huit provenances différentes: Andalousie, Catalogne, Provence, Abruzzes, Istrie, Toscane, Péloponnèse, Galilée.
Pour réaliser cette anthologie, Oliviers et compagnie, société basée dans la Provence de Giono et Pagnol, a dépêché dans toutes les régions où l’huile d’olive avait quelque réputation une forte équipe de limiers-dégustateurs qui ont su mettre à table agronomes, oléiculteurs et mouliniers afin de cerner au plus près les particularités et caractéristiques de chacun des produits de leur sélection. Car il n’est pas deux huiles qui présentent la même personnalité, celle-ci étant déterminée par l’aire géographique, le terreau, les conditions climatiques et, cela tombe sous le sens, la variété de l’olive.
Un jus
de fruit
Vade mecum rédigé à l’intention des ignares, des profanes et autres béotiens, un livret d’initiation accompagne l’ensemble et il y apparaît clairement que les épithètes dévolues aux différentes huiles ne sont pas interchangeables. Telle est douce et telle autre puissante, ou encore fruitée, piquante, amère, ardente, parfumée. Telle est propre à réveiller un légume cuit à la vapeur et telle autre à relever un plat, et ce ne sont pas les mêmes qui conviennent pour une sauce ou pour une friture, pour les aliments crus ou les poissons marinés. Mais toutes sont aujourd’hui lavées de l’opprobre jetée sur les matières grasses: pur «jus de fruit», l’huile d’olive est pourvoyeuse de bon cholestérol, au point qu’il est presque recommandé d’en abuser!.
Il faut savoir aussi que , tout comme le vin, elle a ses grands crus, liés à des récoltes exceptionnelles. Et aussi ses dégustateurs, chargés d’en déterminer l’arôme et la saveur. Ils sont soumis à des règles très strictes, les dégustations officielles, véritable cérémonial, ne se faisant qu’à la petite cuiller.
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