Selon le ministre des Transports, M. Nasser Laouzi, le port d’Akaba «profitera au mieux de 50%» des importations irakiennes autorisées par l’ONU à la suite de l’entrée en vigueur en décembre de la résolution 986, dite pétrole contre nourriture.
Il a évalué le tonnage probable des produits transitant par Akaba à environ un million de tonnes. «L’activité du port restera bien inférieure à ce qu’elle était dans les années quatre-vingts, où elle dépassait les 20 millions de tonnes», a-t-il précisé à l’AFP.
Akaba, unique débouché jordanien sur la mer (350 km au sud d’Amman), a vu son trafic décroître sensiblement à la fin de la guerre Irak-Iran (1988) jusqu’à laquelle il servait de principal point de transit pour l’Irak.
L’embargo international imposé sur l’Irak à partir d’août 1990, à la suite de l’invasion des troupes irakiennes du Koweit, a gravement affecté l’activité de ce port dont près de la moitié de l’activité était tournée vers l’Irak.
En 1996, les échanges avec l’Irak ne représentaient plus que 5% de son trafic, avec 479.000 t. de produits transitant vers l’Irak contre 6,93 millions de t. en 1988, selon des chiffres officiels.
Le ministre irakien du Commerce Mohamad Mehdi Saleh avait affirmé début décembre que le port irakien d’Oum Qasr, sur le Golfe, et celui d’Akaba auraient la priorité pour l’importation de produits destinés à l’Irak.
Mais le président du premier groupe d’Agences maritimes du pays, M. Tawfik Kawar, estime que la Jordanie ne bénéficiera «que d’une part minime des importations irakiennes en raison du coût élevé du port d’Akaba, malgré la réduction récente des tarifs».
Le gouvernement jordanien a décidé en mai dernier de réduire de 25% des tarifs de manutention et de 40% des tarifs de stockage.
Selon lui, le port d’Oum Qasr «reste moins onéreux pour l’Irak car les frais sont payés en dinars irakiens, et coûtent 10 à 15 dollars de moins la tonne». Seules «les grandes cargaisons pourraient transiter par Akaba, car le port d’Oum Qasr a une capacité maximum de 25.000 tonnes», précise-t-il.
«Mais dans le cas de produits importés d’Italie ou du sud de la France, par exemple, il sera plus pratique pour l’Irak de les faire transiter par le port turc d’Iskendérun puis de les acheminer par la route à Mossoul», dans le nord de l’Irak, relève-t-il.
Même note pessimiste chez le directeur de l’unique Compagnie Navale Nationale, M. Yasser Tall, qui a qualifié de «négligeable» l’apport que pourrait représenter pour Akaba le transit des importations destinées à l’Irak.
«A moins d’une levée totale de l’embargo imposé à l’Irak, la situation du port d’Akaba reste précaire, et il faut chercher de nouveaux débouchés», ajoute-t-il.
Conformément à l’accord «pétrole contre nourriture», l’Irak est autorisé à exporter du brut pour l’équivalent de 2 milliards de dollars par semestre, pour l’achat de vivres et de médicaments sous stricte supervision internationale.
Par ailleurs, quelque 1.500 personnes ont observé mercredi un sit-in à Amman pour protester contre la tenue d’une foire industrielle israélienne, qui a été ouverte avec deux heures de retard.
Auparavant, des centaines de protestataires avaient tenté d’entrer de force dans la foire, provoquant une bousculade avec la police. Un cordon de sécurité, formé de près de 500 policiers, a été mis en place pour tenir les manifestants à quelque 400 mètres du forum.
Un collectif de partis politiques, syndicats professionnels et associations, qui a organisé le sit-in, a en outre appelé à une grève générale de trois jours dans le royaume pour protester contre la foire, la première du genre depuis la signature de la paix entre la Jordanie et Israël en 1994.
Celle-ci a été inaugurée à midi par l’ambassadeur d’Israël, Shimon Shamir.
Les manifestants brandissaient des banderoles aux slogans hostiles au traité de paix jordano-israélien et à la normalisation avec l’Etat hébreu.
Un mot d’ordre pour «une grève générale de trois jours» a été lancé par le président du collectif, l’ancien premier ministre Ahmad Obeidat.
S’adressant à la foule, M. Obeidat a invité les manifestants à éviter toute friction avec la police. «Les forces de l’ordre sont nos frères et sont comme nous opposées à la normalisation avec Israël. Nous n’avons pas de problèmes avec elles, mais avec l’Etat sioniste», a-t-il dit.
Il a appelé les manifestants à interrompre leur sit-in et à participer à une réunion au siège des syndicats professionnels à Amman «pour étudier les mesures à prendre». Mais plusieurs manifestants ont refusé, affirmant qu’ils poursuivraient leur sit-in.
De leur côté, des députés ont dénoncé la tenue de la foire et la «politique jordanienne de normalisation avec Israël».
Le président du syndicat des ingénieurs, M. Leith Shbeilat, hostile à l’accord de paix avec Israël, a accusé le gouvernement du premier ministre Abdel Karim-Kabariti de «judaïser la Jordanie en lui imposant un programme sioniste».
Les manifestants ont interrompu à plusieurs reprises les orateurs aux cris d’«Allah Akbar» (Dieu est le plus grand), «l’islam et le jihad (guerre sainte) sont la solution» ou «par l’âme et par le sang nous te vengerons, ô Ayache», un dirigeant du Mouvement de le résistance islamique palestinien (Hamas), assassiné par des agents israéliens présumés il y a un an à Gaza.
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