
Le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil. Photo ANI
Le Courant patriotique libre (CPL, aouniste) a vivement critiqué le gouvernement de Nawaf Salam, l’accusant de n’avoir enclenché aucune des réformes indispensables au redressement du pays, près de six ans après le début de la crise qui a anéanti une partie importante de l’économie et du système financier libanais.
« En l’absence de toute mesure de réforme dans les secteurs financier, bancaire et économique, le gouvernement du président Nawaf Salam procède à des dépenses excédant le volume du budget, sans aucune politique claire visant à accroître la productivité. Si ce gouvernement poursuit sur sa lancée, il provoquera des catastrophes financières dont le peuple libanais paiera le prix », a dénoncé le parti dans un communiqué publié samedi à l’issue de sa réunion périodique, tenue sous la présidence du député Gebran Bassil.
Le CPL a fustigé, une nouvelle fois, la hausse des droits d’accises sur certains carburants, adoptée par le gouvernement pour financer des aides à l’armée libanaise, particulièrement sollicitée aux frontières et censée contribuer à rétablir le monopole de l’État sur les armes. « Le gouvernement qui avait fait de la réforme et du sauvetage son mot d’ordre est devenu le gouvernement des taxes sur l’essence et le mazout, et de l’augmentation de la dette publique », a encore déploré le parti.
Les réformes que réclame le CPL sont notamment celles exigées par le Fonds monétaire international (FMI), avec qui le Liban est en négociations pour obtenir une aide financière. Elles visent, entre autres, à restructurer des dizaines de milliards de dollars de dettes et à assainir un secteur bancaire en faillite technique depuis fin 2019. Ces réformes sont bloquées depuis longtemps, bien avant la formation de l’actuel gouvernement. Ce n’est qu’en avril dernier, sous la pression du FMI et des partenaires internationaux, que les députés ont fini par voter une loi levant le secret bancaire, et ce après avoir tenté d’y introduire des amendements visant à en limiter l’efficacité. Le projet de loi sur la résolution du secteur bancaire reste, lui, bloqué en commission parlementaire.
Dans son communiqué, le CPL a également réitéré la position exprimée cette semaine par M. Bassil sur le désarmement du Hezbollah, estimant que ce processus devrait être précédé par un retrait israélien complet des positions occupées dans le Sud. Il a en outre réaffirmé son attachement à la loi électorale qui prévoit six sièges réservés aux électeurs de la diaspora — une disposition votée mais jamais appliquée — considérée par le parti comme un droit fondamental venant s’ajouter à celui de voter dans les circonscriptions d’origine.
Le conseil politique du CPL a également rappelé que « la meilleure équation pour aborder la question des armes est celle du monopole de la force par l’État, seul chargé de défendre le peuple, le territoire et la souveraineté », à condition, précise le texte, que le retrait israélien des territoires libanais encore occupés soit réalisé sans délai, que les attaques israéliennes cessent et que les ressources naturelles soient libérées, « afin que le sang versé ne le soit pas en vain ».
« Tous les Libanais, y compris les partisans de la 'résistance', sont appelés à saisir cette opportunité pour protéger nos frontières et nos droits : la fixation de la frontière au Sud, sa délimitation à l’Est et au Nord, le retour immédiat des déplacés syriens dont les raisons de l’exil ont totalement disparu, et la résolution du dossier des réfugiés palestiniens afin d’éviter leur implantation au Liban. Ainsi, chacun pourra se sentir vainqueur, sans que personne ne se sente vaincu », conclut le communiqué.