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Dernières Infos - Algérie

Dix ans requis en appel contre l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal


L'écrivain algérien Boualem Sansal posant pour l'AFP à Paris, le 4 septembre 2015. JOEL SAGET/AFP

Le Parquet algérien a requis mardi 10 ans de réclusion à l'encontre de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, lors d'une audience devant la Cour d'appel d'Alger à laquelle assistait un correspondant de l'AFP, avec un verdict attendu dans une semaine.

Le Parquet « réclame 10 ans de prison et un million de dinars d'amende » (environ 6.600 euros), a dit le procureur général de la Cour d'appel, qui rendra son verdict mardi 1er juillet.

M. Sansal a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison, en première instance, notamment pour des déclarations en octobre 2024 au média français d'extrême droite Frontières, où il estimait que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Aussi bien l'écrivain que le Parquet, qui avait déja requis une peine de dix ans, avaient fait appel.

A l'audience en appel qui a duré environ 20 minutes, M. Sansal s'est présenté sans avocat. Il est apparu en bonne forme et a répondu d'une voix ferme aux questions de la magistrate qui présidait la séance, selon le journaliste de l'AFP.

« C'est de la littérature. La Constitution algérienne garantit la liberté d'expression et de conscience. Cela n'a pas de sens », a expliqué M. Sansal à propos de ses déclarations controversées. « La Constitution décrète la liberté d'expression et on fait un procès pour de la littérature. Où est-ce qu'on va comme ça ? « , a-t-il ajouté.

L'écrivain, âgé de 80 ans et atteint d'un cancer de la prostate, selon ses proches, fait l'objet d'une âpre lutte diplomatique entre l'Algérie et la France depuis son arrestation à Alger le 16 novembre 2024 pour des soupçons d'atteinte à l'intégrité du territoire.

Interrogé sur sa déclaration sur les frontières, M. Sansal a répondu: « je ne fais pas que de la politique. Je m'exprime aussi sur l'histoire ».

« La France a créé les frontières (de l'Algérie colonisée à partir de 1830, ndlr) mais heureusement après l'indépendance (en 1962), l'Union africaine a décrété que ces frontières héritées de la colonisation étaient intangibles », a-t-il ajouté.

« Le chemin de la liberté »

Jusqu'à présent, les multiples demandes de libération ou d'une grâce du président algérien, Abdelmajid Tebboune, en faveur de M. Sansal provenant de France, y compris du président Emmanuel Macron en personne, sont restées lettre morte.

En première instance, l'écrivain a été condamné pour « atteinte à l'unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l'économie nationale » et « détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ».

L'Algérie et la France traversent depuis l'été dernier une crise diplomatique considérée comme l'une des plus graves depuis la guerre d'Algérie (1954-1962), marquée par des expulsions de diplomates de part et d'autre et un gel de toutes les coopérations.

La brouille a éclaté après la reconnaissance fin juillet par M. Macron d'un plan d'autonomie « sous souveraineté marocaine » comme le seul viable à ses yeux pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis 50 ans le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.

L'affaire Sansal a envenimé les choses à partir de novembre. Le 6 mai, l'Assemblée nationale française a adopté une résolution appelant à la « libération immédiate » de l'écrivain, et à subordonner au respect des « engagements internationaux en matière de droits humains » toute « coopération renforcée » entre l'Algérie d'une part, la France et l'Europe de l'autre.

Les deux filles de l'écrivain, Nawal 53 ans, et Sabeha, 50 ans, avaient fait part à la mi-mai à l'AFP en République tchèque où elles résident, de leur « sentiment d'impuissance totale » face aux décisions des autorités algériennes qui « emprisonnent des personnes pour avoir librement exprimé leur opinion ».

Les proches de l'auteur de « 2084: la Fin du monde » espèrent une grâce présidentielle à l'occasion de la fête de l'indépendance algérienne le 5 juillet.

L'académicien français Daniel Rondeau a souhaité mardi, en remettant à son éditeur Antoine Gallimard, le prix Cino Del Duca décerné à M. Sansal que cette récompense prestigieuse lui serve de « viatique » pour « reprendre avec vaillance et le plus vite possible le chemin d'une liberté retrouvée ».

Le Parquet algérien a requis mardi 10 ans de réclusion à l'encontre de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, lors d'une audience devant la Cour d'appel d'Alger à laquelle assistait un correspondant de l'AFP, avec un verdict attendu dans une semaine.Le Parquet « réclame 10 ans de prison et un million de dinars d'amende » (environ 6.600 euros), a dit le procureur général de la Cour d'appel, qui rendra son verdict mardi 1er juillet.M. Sansal a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison, en première instance, notamment pour des déclarations en octobre 2024 au média français d'extrême droite Frontières, où il estimait que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Aussi bien l'écrivain que le Parquet, qui avait déja requis une peine de dix ans,...