Le bureau des médias du Premier ministre irakien montre le Premier ministre Mohammed Shia al-Sudani (à droite) et le président libanais Joseph Aoun en réunion au palais du gouvernement dans la zone verte à Bagdad, le 1er juin 2025. Photo : Bureau des médias du Premier ministre irakien / AFP
Le Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, a condamné dimanche les « attaques israéliennes répétées » sur le Liban et sa souveraineté, en recevant le président libanais, Joseph Aoun, pour sa première visite à Bagdad.
Israël poursuit ses frappes sur le Liban affirmant y viser des cibles du Hezbollah, malgré le cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, avec ce mouvement chiite pro-iranien, ressorti considérablement affaibli de la confrontation.
Dimanche, comme samedi déjà, et avant cela jeudi, ces bombardements ont fait des morts dans le sud du pays, selon des sources officielles libanaises. La dernière victime en date a été tuée ce dimanche dans une frappe israélienne de drone à Beit Lif (caza de Bint Jbeil), tandis qu'une autre personne a été blessée à Arnoun (Nabatiyé), au Liban-Sud, selon les informations de notre correspondant local Mountasser Abdallah et le ministère de la Santé.
Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre le Liban et Israël, le 27 novembre 2024, au moins 168 personnes ont été tuées dans des frappes et tirs israéliens au Liban, selon notre décompte.
Lors d'un point presse au côté du président libanais à Bagdad, M Soudani, a dénoncé les « attaques israéliennes répétées contre la souveraineté du Liban », y voyant une « violation du droit international ».
« Nous réaffirmons la nécessité de mettre pleinement en œuvre la résolution 1701 » de l'ONU, a-t-il dit en allusion au texte du Conseil de sécurité qui avait acté la fin d'une précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et a servi de base à l'accord de cessez-le-feu de novembre 2024.
La résolution stipule que seules les forces de maintien de la paix et l'armée libanaise sont déployées dans le sud du Liban, où Israël a conservé cinq positions, malgré l'accord de cessez-le-feu.
M. Soudani a également indiqué s'être entretenu avec M. Aoun des « opportunités communes dans divers domaines », « l'énergie, les télécommunications, les échanges commerciaux ».
Dominé par une coalition de partis politiques chiites pro-iraniens, le gouvernement irakien entretient de longue date des rapports étroits avec le Liban. L'Irak a ainsi accueilli à l'automne 2024 des milliers de réfugiés libanais, majoritairement chiites, fuyant la guerre et les bombardements meurtriers d'Israël sur les villages du sud et d'autres bastions du Hezbollah. Les groupes armés irakiens pro-iraniens sont également des alliés indéfectibles du Hezbollah.
Depuis l'été 2021, l'Irak, riche en hydrocarbures, fournit des tonnes de carburant au Liban, englué dans une grave crise économique, pour alimenter ses centrales électriques. Début mai, le Liban a aussi évoqué une livraison à venir de 320.000 tonnes de blé envoyés par Bagdad.
Le président Aoun a « sincèrement remercié » l'Irak pour « toutes les aides et les dons » apportés à son pays. Il a également rencontré son homologue irakien, Abdel Lattif Rachid.